L'interdiction vise à répondre aux nombreux débordements et incidents, parfois mortels, qui impliquent des soldats en état d'ébriété dans les débits de boissons.
Dans l'est de la République démocratique du Congo, le maire de la ville de Goma et le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu ont interdit aux soldats et aux policiers de rentrer armés dans les bars et restaurants de la ville.
En effet, une fois ivres, il arrive que des militaires se battent avec d'autres clients et que ce genre de rixe tourne au drame. Plusieurs personnes ont été ainsi tuées au Nord-Kivu au cours des derniers mois.
Dans les rues de Goma, la nouvelle mesure instaurée par le maire suscite des réactions plutôt positives.
Sylvain Kabeya, un habitant de Goma, revient sur son expérience traumatisante après avoir été victime d'une agression dans un bar du nord de la ville.
Il explique que "ce n'est pas la première fois que je suis agressé par un militaire. Un soir, j'étais dans un bar avec des amis quand un militaire, visiblement sous l'influence de l'alcool, a commencé à créer des troubles. Il a agressé un de mes amis sans raison. Ce genre de comportement est inacceptable. Je suis soulagé que le maire prenne des mesures pour éviter de telles situations à l'avenir".
Incidents mortels
Le dernier incident en date a impliqué un soldat de la Garde républicaine, Félicien Ngoy, qui, selon plusieurs témoins, sous l'emprise de l'alcool, a tiré sur deux personnes, un conducteur de taxi-moto et sa cliente. Les deux sont morts sur le coup.
Le 29 novembre dernier, ce soldat a été condamné à mort par le tribunal militaire de la garnison de Goma.
Musafiri Banyanga est le propriétaire d'un bistrot populaire de la ville et il salue cette décision du maire de la ville, qui, selon lui, permettra de rassurer ses clients. "Trop souvent, des militaires et des policiers en uniforme viennent ici et perturbent la tranquillité des clients, assure-t-il. Ils se croient au-dessus de la loi. Cette interdiction va permettre à tout le monde de se sentir en sécurité et de profiter de sa soirée sans crainte."
Pas d'hommes armés en uniforme dans les débits de boissons
La société civile locale affirme que, dans le Nord-Kivu, les victimes de telles agressions se comptent "par centaines" depuis le début de l'année. Georges Bin Yalala, membre de la Société civile urbaine de Goma, estime que cela fait "bizarre de voir un militaire muni de son arme dans un bar, c'est vraiment honteux. Mieux vaut tard que jamais. La mesure du maire de la ville est tardive, mais nous allons l'accompagner".
Cette décision du maire de la ville de Goma, publiée le 7 décembre, a été renforcée, quelques jours plus tard, par le gouverneur militaire intérimaire du Nord-Kivu, Peter Chirimwami, qui a publié, le 10 décembre, une déclaration officielle interdisant la présence d'hommes armés en uniforme dans tous les débits de boissons.
Dans les camps de déplacés autour de la ville de Goma, la situation est même pire. Les forces de l'ordre et leurs collaborateurs, les combattants Wazalendo, extorquent et tuent des civils. Au cours du mois dernier, les responsables des camps ont enregistré une dizaine de cas d'extorsion.