L'audience sur le dossier de détournement de fonds publics au ministère de l'Action humanitaire et de la Solidarité a repris, le jeudi 12 décembre 2024 à Ouagadougou, avec l'écoute des témoins. Camille Yé, Directeur de la gestion des finances (DGF), a été appelé à la barre.
L'audience pour détournement de fonds publics au ministère de l'Action humanitaire et de la Solidarité s'est poursuivie, le jeudi 12 décembre 2024 avec la déposition de Camille Yé comme témoin. Il est le Directeur de la gestion des finances (DGF), dont le nom est maintes fois revenu avec le principal accusé, Amidou Tiégnan. L'affaire concerne le gestionnaire du compte « protection du renforcement social au profit des personnes vulnérables (PROSOC) ». M. Amidou Tiégnan est accusé d'avoir réalisé des opérations bancaires irrégulières avec des chèques portant la signature de son supérieur, et ce, pendant une absence prolongée de sept jours.
Nommé le 3 mars 2023 et ayant pris fonction, le 7 mars 2023, Camille Yé a été maintes fois cité dans l'affaire par les prévenus Amidou Tiégnan et Salifou Ouédraogo. Face au tribunal, le témoin Yé a nié les accusations portées contre lui et a exigé des preuves. Cependant, les prévenus sont restés constants dans leurs déclarations, accusant Yé d'être leur complice. Le prévenu Salifou Ouédraogo a déclaré : « Je confirme que Camille Yé me donnait des chèques. Je décaissais les sommes et nous nous partagions l'argent. Cette opération s'est répétée à plusieurs reprises. Et Amidou Tiegnan d'ajouter : « Je remettais de l'argent à Camille Yé à Saaba, dans son véhicule. Je lui donnais l'argent. Il me donnait ma part, qui était de 15 % sur chaque détournement ».
Rôle et responsabilités en question
Le ministère public a reproché à Camille Yé son manquement au devoir de contrôle en tant que supérieur hiérarchique de M. Tiegnan. Selon le procureur, le maintien de ce dernier à son poste, malgré les irrégularités constatées dans la gestion des comptes est suspect. Selon M. Yé, depuis sa prise de fonction en mars 2023, il y avait 9 comptes tenus par trois agents du ministère dont 7 tenus par Mme Tarpaga, un par Mme Tindano et un par M Tiégnan. A ses dires, seul M. Tiégnan refusait de lui fournir le livre journal, que les deux autres ont donné. Il a souligné que les irrégularités constatées dans la gestion de M. Tiégnan, c'est l'absence de certaines pièces comptables. Il a poursuivi que face à cette situation, il a commandité un audit du compte de M. Tiégnan.
Le témoin a été interrogé tour à tour par le ministère public, l'agent judiciaire de l'Etat, le REN-LAC et les avocats des prévenus, sur son rôle dans la supervision des finances. Maître Prosper Farama, représentant du REN-LAC, a accusé Camille Yé de faux témoignage, déclarant : « vous n'êtes pas cohérent dans vos propos. Vous devriez être poursuivi pour faux témoignage ».
Lors de l'audience du 10 décembre, un enregistrement de l'audition précédente de la prévenue Pétroné Tarpaga a été diffusé. Dans cet enregistrement, on l'entend proférer des injures à voix basse à l'encontre d'un membre du ministère public. Interpellée sur ces propos, elle a reconnu les avoir tenues, prétextant un manque de contrôle de soi. Le tribunal a fermement condamné son comportement. « Au-delà de l'apparence fragile que vous présentez ici, cet acte révèle votre vrai caractère. Vous n'allez pas dire que c'est parti comme cela. Si c'est parti, c'est que vous en avez l'habitude », a affirmé le président du tribunal.
Cet incident pourrait faire l'objet d'un dossier séparé. Face à ces remarques, Mme Tarpaga a présenté ses excuses, expliquant que les injures avaient été prononcées de manière involontaire. Le président lui a rétorqué : « Il fallait y réfléchir ». Le tribunal a indiqué qu'il avisera sur les suites à donner à cet incident tout en poursuivant l'instruction du dossier principal. L'audience reprend ce vendredi 13 décembre. Camille Yé reste à la disposition du tribunal comme témoin et peut être appelé à tout moment à la barre.