Le taux d'enregistrement des naissances progresse à l'échelle mondiale. À Madagascar, beaucoup d'enfants n'ont pas été déclarés.
En régression. Le taux national d'enregistrement des naissances a « fortement baissé en une décennie », selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (Unicef), hier. Il est passé de 83 % en 2012 à 74 % en 2021, selon l'Enquête démographique et de santé (EDS) réalisée par l'Institut national de statistique (INSTAT) en 2012 et l'enquête nationale pour le suivi des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), réalisée par l'INSTAT en 2021.
« L'enregistrement des naissances a, principalement, diminué pendant les trois années de pandémie de Covid-19, à cause du confinement. Les femmes qui accouchaient à domicile ne venaient pas déclarer leurs enfants dans les mairies. Dans le quatrième arrondissement, par exemple, une baisse de deux mille déclarations par an a été constatée pendant cette période. La situation s'est améliorée depuis, mais il y a encore des enfants non déclarés », indique un responsable du service de l'état civil dans le quatrième arrondissement de la commune urbaine d'Antananarivo (CUA), hier.
Mais même sans cette pandémie, plusieurs enfants ne sont pas visibles par les structures gouvernementales. Les barrières sont multiples, notamment l'ignorance. De nombreuses familles voient la déclaration des naissances comme une pure formalité administrative, sans prendre conscience des conséquences du non-enregistrement des naissances sur l'avenir de leur enfant.
« De nombreux enfants ne sont pas déclarés chez nous. Les parents ignorent souvent que l'acte de naissance est indispensable lorsqu'ils inscrivent leurs enfants à l'école », souligne Jean Martin Vina, maire d'Ambatolava, dans le district de Vangaindrano.
À ce problème s'ajoute l'éloignement des services de l'état civil par rapport aux lieux de naissance et de résidence, obligeant ainsi les parents à parcourir de longues distances, parfois coûteuses, pour enregistrer leurs enfants.
Systématique
Cette situation de l'enregistrement des naissances a fait l'objet d'une recommandation du Comité international des Droits de l'Enfant. Il a prôné des mesures pour inverser la tendance à la baisse des déclarations de naissances, notamment en allouant des ressources suffisantes à l'application du plan stratégique national pour les registres et statistiques de l'état civil et en prenant des mesures concertées, par exemple en permettant la déclaration tardive et gratuite des naissances et en augmentant le taux d'enregistrement des naissances dans les zones où il est très bas, particulièrement dans la région Atsimo Andrefana. L'Unicef appelle à l'enregistrement systématique de chaque enfant à la naissance, afin d'établir une approche de l'identité juridique basée sur le cycle de vie.
Elle préconise également de simplifier les démarches administratives pour améliorer les services offerts et promouvoir la transformation numérique. L'Unicef suggère de s'appuyer sur les programmes de santé, de protection sociale et d'éducation pour renforcer l'enregistrement des naissances, tout en appelant à la mise en oeuvre des réformes juridiques nécessaires pour rendre les systèmes d'enregistrement des faits d'état civil et des statistiques plus inclusifs et équitables.