Lutte. Des personnes atteintes d'albinisme (PAA) subissent des agressions. «Cette année, on enregistre l'enlèvement de vingt-trois PAA, dont neuf d'entre eux ont trouvé la mort et trois sont portées disparues. Si le cas d'enlèvement était estimé à vingt et un l'année dernière, dont cinq morts, en 2022, vingt-cinq cas ont été enregistrés, dont sept morts», exhorte Fulgence Soja Ramiandrisoa, président national de l'association Albinos Madagascar. C'était lors d'un atelier de lancement du projet APPASAAS, ou amélioration de la protection, de la prévention et de l'accès aux soins des personnes vivant avec l'albinisme en Afrique subsaharienne, tenu à l'hôtel Colbert Antaninarenina, hier.
«Ainsi, améliorer les conditions de vie des PAA de manière holistique, tel est l'objectif du plan d'action présenté», avance Claire Jeannin, coordinatrice du projet. Avec ce plan, le système de santé, de l'éducation et de la sécurité des albinos sera renforcé, tout en sachant que ces derniers vivent encore dans la terreur. «Ce plan d'action représente une large opportunité pour les PAA», continue Fulgence Soja Ramiandrisoa, président national de l'association Albinos Madagascar. Notamment parce que l'accès aux soins sera amélioré, sachant que 80 % des personnes atteintes d'albinisme n'ont pas les moyens d'accéder à des soins de qualité. «De plus, le prix des crèmes solaires à utiliser coûte cher, variant de 100 000 à 160 000 ariary. Et ce projet promeut l'accès aux soins pour les PAA», a-t-il ajouté.
Ce sera également une occasion de sensibiliser les parents d'enfants atteints d'albinisme et la société sur ce phénomène. «Actuellement, 10 à 15 % des Malgaches connaissent le phénomène d'albinisme», a fait savoir le président national de l'association Albinos Madagascar. Et cela aide à réduire le taux de discrimination.
Une meilleure connaissance de l'albinisme est à promouvoir dans ce plan d'action. Notamment parce que les luttes et croyances qui circulent autour de l'albinisme contribuent aux discriminations et aux violations de leurs droits humains. Les attaques envers les PAA peuvent prendre différentes formes : agressions physiques, agressions sexuelles, mutilations des membres comme les yeux, les oreilles, les organes génitaux, enlèvements, voire meurtre. Généralement, les organes et membres sont utilisés dans le cadre des rituels liés à la sorcellerie pour apporter richesse ou chance. Les filles et les femmes sont plus exposées à des risques accrus de discrimination, d'exclusion et de violences sexuelles.
Les différentes croyances qui circulent sont de véritables barrières à l'intégration socio-économique et sociale des PAA, augmentant de fait leur vulnérabilité.