Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont débuté vendredi soir leur délibéré dans l'affaire Ali Mohamed Ali Abd-Al-Rahman. Le chef janjawid est accusé de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis au Darfour en 2003 et 2004.
Pour sa défense, Ali Mohamed Ali Abd-Al-Rahman assure qu'il n'est pas Ali Kushayb, le surnom que lui attribuent plusieurs témoins. « Je ne suis pas Ali Kushayb. Je ne connais pas cette personne », a-t-il déclaré à la CPI. Selon Ali Mohamed Ali Abd-Al-Rahman, les accusations formulées à son encontre n'ont « rien à voir » avec lui. Il affirme au contraire qu'il s'est identifié comme Ali Kosheib auprès de la CPI, car il était « désespéré ». « Cela faisait deux mois que j'attendais dans la clandestinité [...] et que j'avais peur d'être arrêté » par le gouvernement soudanais, a déclaré l'accusé. « Si je n'avais pas dit cela, la cour ne m'aurait pas reçu et je serais mort », continue l'accusé.
Il affirme aussi qu'il n'a jamais été un grand commandant janjawid, comme l'affirme le procureur. Et qu'à l'époque des crimes reprochés, en 2003 et 2004, les conventions de Genève n'étaient pas enseignées dans l'armée soudanaise, pointe notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas.
Veste kaki, cravate bordeaux, l'accusé de 75 ans a conclu les plaidoiries par une courte déclaration : « Les victimes de 2003, 2004 et d'aujourd'hui sont mes frères et soeurs. Je prie pour leur salut et je souffre avec leurs familles pour qui l'absence a causé une souffrance éternelle. Si j'avais fait les choses qu'ils disent que j'ai fait, je ne pourrais pas m'en remettre, mais je demande à Dieu de me donner la force d'endurer le châtiment de Dieu, car tout comme des frères ne peuvent pas se battre entre eux. Je prie Dieu le Miséricordieux pour apporter la paix au Soudan. »
Ali Mohamed Ali Abd-Al-Rahman, qui s'est rendu de son propre chef en 2020, est soupçonné d'être responsable de violentes attaques contre des villages de la région de Wadi Salih au Darfour-Central en août 2003. Il est jugé pour 31 chefs d'accusation de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, notamment de meurtre, de viol, de torture, de pillage et de traitements cruels.
Les combats ont éclaté en 2003 au Darfour lorsque des rebelles, dénonçant une discrimination ethnique systématique, ont pris les armes contre le régime de Omar el-Béchir, dominé par les Arabes. Khartoum a réagi en déployant la milice Janjawid, force composée de membres des groupes nomades de la région. Selon l'ONU, le conflit au Darfour, qui a pris fin en 2020, a fait 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés.
Les juges ont entamé vendredi soir leurs délibérations. Ils n'ont aucun délai pour rendre leur verdict. Cela pourrait prendre plusieurs mois.