Tchad: Le bras de fer entre l'Amet et la Hama se poursuit en pleine campagne électorale

Au Tchad, le bras de fer entre l'Association des médias en ligne du Tchad et la Haute autorité de l'audiovisuel qui interdit aux sites d'information de produire des contenus audiovisuels se poursuit sur fond d'une grève illimitée lancée par ces médias depuis trois jours, et alors que la campagne électorale pour les législatives et locales du 29 décembre bat son plein. Jeudi 12 décembre, la Hama a convoqué l'Amet mais cette réunion s'est révélée être un véritable dialogue de sourds.

Plusieurs institutions de premier plan, notamment la primature ou encore la médiature, saisies par l'Association des médias en ligne du Tchad (Amet), poussaient depuis quelques jours pour que les deux parties mettent de l'eau dans leur vin.

Mais le dialogue entre les collègues de la Haute autorité de l'audiovisuel (Hama) et le bureau exécutif de l'Amet a tourné court, dès que les représentants des médias en ligne ont annoncé qu'ils avaient saisi la cour administrative pour qu'elle suspende la décision de l'organe de régulation de la presse. La Hama a estimé que « dès que la justice est saisie, nous sommes dessaisis ».

« C'est aussitôt après la discussion avec eux, qu'on devrait délibérer : s'il faut revoir la décision sur des preuves palpables ou pas, explique le président de l'Hama, Abderamane Barka. Mais nous ne pouvons pas discuter, au fond, tant que la juridiction est saisie, parce que ce serait leur fournir les éléments nécessaires de défense pour aller s'en prévaloir auprès des juridictions. »

Un « trou noir informationnel » dénoncé par l'Amet

L'Amet, qui dénonce une « convocation discourtoise », se dit toujours prête à poursuivre les négociations avec la Hama, mais refuse de retirer sa plainte tant que la Hama n'est pas revenue sur sa décision. « Nous, on a dénoncé une décision, rappelle le président de l'Amet, Bello Bakary. Il nous convoque pour nous auditionner. C'est ça que dit la convocation. On est allé quand même se présenter, donc on a démontré notre bonne foi. Et dès qu'on a annoncé qu'on a saisi la justice, ils ont refusé le dialogue. Mais nous, on est prêt à dialoguer toujours parce qu'on peut discuter. Si on trouve une solution, on peut la retirer. »

L'Amet dénonce également un « trou noir informationnel » en pleine campagne électorale législative. « Aujourd'hui, on est unanime, on ira jusqu'au bout puisque le chat est dans un trou noir, rappelle Bello Bakary. C'est par la faute de la Hama, qui chaque jour, au lieu de promouvoir les journalistes, les médias, et de réfléchir sur leur modèle économique (...) ne fait que taper sur la presse en ligne. »

Pour la Hama, une grande partie de ces médias ont profité de sa tolérance pour produire des contenus qui ne respectent pas les règles de la profession et qui pourraient se révéler dangereux, surtout en cette période électorale. La situation devenait de plus en plus grave parce qu'il y a des médias qui ont affiché des prix pour les interviews, pour les portraits par exemple.

Or, la publicité politique est interdite, et en particulier pendant les campagnes électorales. Nous avons interdit également les émissions interactives parce que les réalisations ne remplissaient pas les conditions techniques et professionnelles.

La Convention tchadienne de défense des droits de l'homme (CTDH), a apporté ce vendredi son soutien à l'Amet. Elle dénonce « une censure injustifiée » et « exige l'abrogation de mesures restrictives » qui « portent atteinte à la liberté d'expression ».

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.