Ile Maurice: Karen Foo Kune-Bacha - «La jeunesse et le sport sont deux choses différentes mais qui marchent de pair»

14 Décembre 2024
interview

Entre deux fonctions, la nouvelle Junior Minister du ministère de la Jeunesse et des Sports, a accepté de répondre à nos questions. Dimanche dernier, elle assistait effectivement à une remise des prix pour le programme de «F1 in schools» au Gravity Max, à Tribeca Mall. L'ancienne sportive Karen Foo Kune-Bacha veut redonner des valeurs aux jeunes afin de créer des citoyens modèles. Elle évoque également sa proximité avec les mandants de sa circonscription au n° 20.

Quand vous avez commencé la politique, est-ce que c'était pour vivre ces moments-là ?

Ces derniers temps, depuis que je suis en fonction, grâce à des gens que je rencontre de nouveau dans le sport qui ne m'ont jamais vraiment quittée, je retrouve mes repères que j'ai bâtis pendant toute une vie. Mon engagement avait débuté en 2012 pour le peuple. Cet engagement avait pour but de redonner au sport ce que le sport m'a donné. J'ai créé une ONG, «Badminton pou zenfan» pour les enfants défavorisés. C'était l'intégration et l'inclusion à travers le sport. Le sport m'avait tellement donné dans ma vie que je me sentais redevable.

De fil en aiguille, c'est comme ça qu'a débuté mon envie d'oeuvrer pour les autres. Mon engagement en politique, c'est un engagement pour mon pays.

Il y a un sens de patriotisme qui n'a pas seulement germé, mais qui a été conçu à travers mon parcours pour représenter Maurice. Ça a culminé aujourd'hui, c'est-à-dire être dans le gouvernement pour pouvoir faire bouger les choses afin de travailler pour le sport et la jeunesse, qui représentent l'avenir de notre pays. C'est ça qui me fait bouger tous les jours, tous les matins. Quand on commence avec nos longues journées de travail, je puise mon énergie de là. Je sais que je suis en train de donner de mon mieux pour la jeunesse mauricienne.

La jeunesse et le sport sont deux choses différentes...

Ce sont deux choses différentes, mais qui marchent de pair. Ce ministère, ce n'est pas que sport et/ou jeunesse. Ce ministère a tellement de responsabilités, mais de potentiel également. La jeunesse représente l'avenir du pays. Ce qui est important pour moi, c'est que les jeunes puissent s'épanouir et se développer.

Avez-vous des idées concrètes pour la jeunesse mauricienne ?

Nous avons une vision globale. Les détails vont suivre bientôt, car un programme est en préparation. Mais ce qui est im- portant, c'est d'inculquer les valeurs à nos jeunes. Malheureusement, j'ai vu un effritement ces dernières années avec une augmentation de fléaux et de violences. Avec de la volonté politique, c'est notre responsabilité de faire s'améliorer les choses. On peut inculquer une différente mentalité et le sport et ses valeurs apportent beaucoup, y compris dans notre vie de tous les jours. Ceci, afin de créer des citoyennes et des citoyens meilleurs.

Vous aviez dit qu'il faudrait ramener la culture du sport. Comment ?

Ça commence dès le plus jeune âge, à l'école. Il faut qu'il y ait une sensibilisation dès l'enfance pour que ça entre dans les gènes, au sein de toutes les familles. On a la responsabilité en tant que parents et professeurs. La culture vient de là. À travers la volonté politique, on doit transmettre cette vision-là et faire de sorte que par les décisions qu'on va prendre et nos agissements, la culture du sport fasse partie intégrante de notre société. Parce que ça bâtit des citoyens modèles.

La culture vient des intercollèges aussi. On sait tous ce qui s'est passé. Est-ce que vous allez faire revivre les intercollèges ?

C'est un grand projet de faire revivre un peu tout. Les intercollèges étaient un objectif pour nos jeunes et il faut tout le temps avoir des objectifs parce que le sport, c'est une passion. Le sport intercollèges, c'est un moyen d'encourager les jeunes des collèges secondaires à pratiquer du sport. Mais je pense qu'il faut aller vers encore plus jeune suivant la même philosophie. Ça fait partie de notre programme et on va mettre tout sur pied bientôt. Il faut aussi faire revivre toutes les infrastructures et nos quartiers. Notre devise, c'est d'apporter les activités aux gens et non le contraire.

On imagine avec l'aide des fédérations. Mais vous savez qu'il y a certaines fédérations où il y a des querelles interminables. Comment allez-vous gérer cela en tant qu'ancienne sportive ?

Est-ce qu'il y aura in- gérence ? Pour moi, c'est l'inté- rêt des sportifs qui doit primer. Souvent, dans ces querelles, ce sont les sportifs qui sont les premiers perdants. Il est vraiment temps que ce ne soit plus le cas. Avec toutes nos têtes pensantes, on va faire de sorte que ça n'arrive plus. Notre devoir primaire, c'est d'être là pour les sportifs.

Est-ce que vous allez venir en aide à ces sportifs lésés par ces dirigeants ?

Quand on a un gros problème, il faut le régler à la base. Je ne vais pas en dire plus maintenant. Le mot-clé de notre gouvernement, c'est la transparence et «l'accountability» et ça doit être de même pour toutes les fédérations.

En parlant d'accountability, votre colistier Franco Quirin...

...Je pense que ce n'est pas le moment, on parle du sport.

Mais quand même, il est au courant de beaucoup de dossiers dans le sport mauricien. Et le fait qu'il n'ait pas de responsabilité... est-ce qu'il aura une responsabilité d'ailleurs ?

Vous savez, dans ce genre de décision, je ne suis pas partie prenante. C'est la prérogative du Premier ministre et de notre leader (Ndlr : Paul Bérenger). Je pense qu'ils ont tous les deux démontré, par rapport à toutes les nominations, qu'ils sont capables de prendre les meilleures décisions pour le pays. Plus que ça, je ne suis pas au courant et je fais confiance à ces deux leaders pour prendre des décisions qui sont dans l'intérêt du peuple mauricien.

En tant que députée de la circonscription n° 20, on a dit que vous n'étiez pas présente sur le terrain...

Je n'ai jamais entendu ce commentaire-là. J'ai tout le temps été accueillie d'une façon extraordinaire. Malgré que ce fût une campagne très courte et très intense, tous les jours, je rentrais chez moi avec un sourire, fatiguée et extenuée et le ventre vide. J'ai eu un accueil formidable pendant les cinq ans, malgré le fait qu'on était dans l'opposition. On était plébiscités, preuve à l'appui, pour le travail accompli, en étant dans l'opposition. On peut accomplir beaucoup plus maintenant en étant dans le gouvernement.

Avec votre nouvelle tâche, est-ce que vous aurez le temps pour vos mandants ?

Demandez à mes mandants où j'étais il y a 30 minutes de cela, même si j'ai un agenda extrêmement chargé. Je sacrifie ma pause déjeuner parce qu'on a l'énergie et la volonté de faire les choses bouger. Pour moi, c'est primordial de faire comme d'habitude, c'est-à-dire, aller à la rencontre de mes mandants, de marcher dans la circonscription, malgré qu'il y ait beaucoup à faire au sein du ministère et des fonctions ministérielles. Il ne faut jamais quitter le terrain, parce que ce n'est pas juste un devoir, mais c'est un plaisir pour moi d'aller à la rencontre de mes mandants, parcequ'ils sont mes amis, ma famille. J'étais à Albion hier (Ndlr : samedi soir pour le Albion Food Festival) en train de manger avec tout le monde. C'est un plaisir de partager ma fonction de Junior Minister et ma fonction de député afin de régler les problèmes de la circonscription qui a été l'enfant pauvre du développement pendant dix ans. Je dis à mes mandants, vous pouvez compter sur nous.

Vous êtes l'image du sportif qui est dans le gouvernement, genre un porte-parole du sportif. Quel message avez-vous pour le giron ?

Que ce soit pour les sportifs de haut niveau ou le sport pour tous, mon intérêt principal, c'est d'oeuvrer pour le sport et les jeunes et de mettre en priorité nos sportifs.

Si jamais ils ont un problème, ils peuvent venir vous voir ?

Je réponds à tous mes appels. Pour l'instant, je suis beaucoup sur le terrain. J'ai plusieurs fonctions jusqu'à 23 heures aujourd'hui (Ndlr : dimanche dernier) parce que je veux être proche de tous les sportifs et de tous les athlètes et mon énergie et ma volonté me guident... (au même moment, son téléphone sonne et elle répond). Plusieurs d'entre eux sont déjà venus vers moi et il faut prendre leurs problèmes au cas par cas tout en réglant ces problèmes à la base.

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