Le Conseil d'Administration du Fonds Monétaire International (FMI) a achevé aujourd'hui la troisième revue de l'accord conclu avec l'Union des Comores au titre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC). La décision du Conseil d'Administration ouvre la voie au décaissement immédiat de 3,56 millions de DTS (environ 4,7 millions de dollars). D'une durée de quatre ans, cet accord a été approuvé le 1er juin 2023 et donne accès à 32,04 millions de DTS (environ 43 millions de dollars).
En complétant la troisième revue, le Conseil d'administration a également approuvé les demandes des autorités concernant : (i) la modification du critère de réalisation quantitatif (CRQ) de fin décembre relatif aux recettes fiscales, afin de tenir compte d'une activité économique plus faible que prévu cette année ;
(ii) la modification du CRQ de 2025 sur le solde primaire intérieur, pour refléter le périmètre budgétaire amendé, conformément aux bonnes pratiques de gestion des finances publiques, ainsi que la modification correspondante du Protocole d'Accord Technique (PAT) ; et (iii) des dérogations pour non-respect du CRQ relatif aux recettes fiscales et du CRQ continu sur la non-accumulation de nouveaux arriérés extérieurs, sur la base des mesures correctives prises par les autorités.
Bien que des progrès considérables aient été accomplis dans la réalisation des objectifs du programme, des efforts significatifs et soutenus demeurent nécessaires pour maintenir la dynamique des réformes. Les autorités ont réaffirmé leur engagement envers le programme appuyé par la FEC, malgré un ralentissement récent des réformes et un contexte de fragilités économiques et institutionnelles. Trois des cinq critères de réalisation quantitatifs (CRQ) ont été respectés à fin juin 2024, et six des neuf repères structurels (RS) prévus entre juin et octobre ont été atteints. Par ailleurs, deux repères structurels ont été reformulés, et quatre autres ont vu leurs échéances reportées.
Le programme de réformes économiques des Comores, soutenu par l'accord FEC, vise à réduire les fragilités et à renforcer la résilience économique en consolidant les marges budgétaires, en réduisant les vulnérabilités liées à la dette et en renforçant le secteur financier et la gouvernance. Les priorités principales du programme restent inchangées et s'articulent autour de trois axes principaux :
(i) la mobilisation des recettes intérieures par des réformes visant à renforcer l'administration fiscale et douanière tout en rationalisant les exonérations fiscales ; (ii) la stabilisation du secteur financier, notamment par l'achèvement de la restructuration de la banque postale publique SNPSF et le renforcement de la supervision bancaire et du cadre réglementaire de la Banque centrale ; et (iii) le renforcement de la gouvernance à travers des réformes de gestion des finances publiques et de lutte contre la corruption.
Les conditions économiques sont restées stables, bien qu'elles soient marquées par des risques baissiers considérables. La croissance du PIB réel devrait être légèrement inférieure aux prévisions précédentes pour 2024 et 2025, en raison des événements climatiques sévères et de l'épidémie de choléra survenue plus tôt cette année, ainsi que des signes émergents d'un ralentissement de l'activité.
Les pressions inflationnistes devraient s'atténuer, et l'inflation devrait diminuer à partir de 2025, après avoir persisté cette année. Le rythme de la consolidation budgétaire en 2024 a été plus soutenu que prévu, principalement en raison d'une sous-exécution des dépenses d'investissement. Cette dynamique de consolidation budgétaire devrait se poursuivre en 2025. Le secteur extérieur reste stable, et les réserves internationales brutes devraient se maintenir au-dessus de l'équivalent de 7 mois d'importations sur la période du programme.
À l'issue des délibérations du Conseil d'administration, M. Nigel Clarke, Directeur général adjoint et Président par intérim, a fait la déclaration suivante :
« Les efforts des autorités dans le cadre de l'accord au titre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC) témoignent d'un engagement continu en faveur de la stabilisation économique et des réformes, malgré les défis et la transition vers un nouveau gouvernement. Bien que la position extérieure demeure stable, soutenue par une accumulation continue de réserves de change, les performances économiques se sont affaiblies sous l'effet des pressions inflationnistes liées à la hausse des prix alimentaires. Cela s'ajoute aux risques à moyen terme pour les Comores en tant qu'État fragile et petit pays en développement, exposé aux incertitudes économiques mondiales, aux chocs climatiques et aux contraintes de capacités institutionnelles.
La politique budgétaire reste axée sur une consolidation à moyen terme, nécessaire pour préserver la soutenabilité de la dette et réduire progressivement le risque de surendettement, tout en s'adaptant aux défis à court terme. Les réformes structurelles visant à moderniser l'administration des recettes, améliorer les pratiques budgétaires et renforcer la gestion de la trésorerie et de la dette se poursuivent. Les progrès réalisés dans la supervision des entreprises publiques et l'apurement des arriérés extérieurs et intérieurs sont également notables, bien que des efforts supplémentaires soient essentiels.
Le cadre de politique monétaire demeure judicieusement axé sur la préservation de la stabilité de l'ancrage à l'euro en tant que point d'ancrage nominal. La disposition de la Banque centrale de recourir à des opérations d'absorption de liquidités et à d'autres mesures appropriées en cas de pressions inflationnistes accrues est bienvenue. Les progrès réalisés dans la restructuration de la banque postale, l'opérationnalisation de la loi sur la résolution bancaire et le renforcement des capacités de supervision de la Banque centrale renforceront la résilience du secteur financier.
Le renforcement des institutions et de la gouvernance demeure essentiel pour soutenir l'activité économique et renforcer la crédibilité auprès des parties prenantes nationales et internationales. Des progrès notables, tels que l'opérationnalisation de la Chambre anti-corruption, ont été réalisés, mais un soutien additionnel est indispensable pour renforcer les capacités et améliorer la transparence du secteur public. Le renforcement de la gestion des finances publiques et l'adoption de mesures visant à mieux s'aligner sur les normes internationales favoriseront l'engagement des Comores avec les partenaires au développement et des investisseurs.
Une mise en oeuvre efficace du programme reste cruciale pour atteindre les objectifs de stabilité macroéconomique et de développement. La poursuite de l'engagement avec le FMI -- à travers la FEC, l'assistance technique et la surveillance des conditions économiques -- ainsi que le soutien des partenaires internationaux sont essentiels. Cela contribuera à améliorer l'accès aux ressources et à répondre aux contraintes de capacités et de financement pour satisfaire les besoins des Comoriens, tout en assurant des progrès dans les réformes macroéconomiques. »
Comores : Principaux Indicateurs Economiques (2023-26)
Population (2018, en milliers) : 856
Principaux produits et exportations : Clous de girofle, ylang-ylang, vanille
Principaux marchés d'exportation : Asie, Union européenne
2023
2024
2025
2026
est.
proj.
proj.
proj.
Production
Croissance du PIB réel (en %)
3.0
3.3
3.8
4.3
Emploi
Chômage (en %)
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
Prix
Inflation, moyenne de la période (en %)
8.5
5.0
1.8
1.9
Finances de l'administration centrale
Recettes et dons (en % du PIB)
16.5
16.4
19.2
15.9
Dépenses (en % du PIB)
17.8
19.9
21.6
18.8
Solde budgétaire (en % du PIB)
-1.2
-3.5
-2.4
-2.8
Dette publique (en % du PIB)
27.9
29.9
31.8
34.6
Monnaie et crédit
Monnaie au sens large (variation en %)
8.7
7.0
6.0
5.5
Crédit au secteur privé (variation en %)
12.8
8.3
5.7
6.5
Taux d'intérêt des bons du Trésor à trois mois (ou similaire ; en %)
1.2
1.2
2.2
3.2
Balance des paiements
Compte des transactions courantes (en % du PIB)
-2.0
-3.5
-4.1
-4.2
IDE (en % du PIB)
0.4
0.5
0.6
0.6
Réserves (en mois d'importations)
7.8
8.7
7.7
11.2
Dette extérieure (en % du PIB)
27.9
29.9
31.8
34.6
Taux de change
KMF/USD (moyenne de la période)
452.0