Lors d'une conférence de presse au PMO, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, accompagné de ses partenaires de l'Alliance du Changement, a livré une analyse incisive sur l'état de l'économie mauricienne et les défis hérités du précédent gouvernement. Entre accusations de malversations et promesses non tenues, l'exercice visait à justifier les limites des mesures proposées...
Un bilan lourd de «squelettes dans le placard»
«Pli nou fouye, pli nou trouv skelet !» s'est exclamé le Premier ministre, Navin Ramgoolam, évoquant un héritage économique désastreux laissé par le tandem Pravind Jugnauth et Renganaden Padayachy. Le rapport State of the Economy présenté récemment au Parlement serait déjà obsolète, selon lui, en raison des nouvelles irrégularités découvertes au sein des corps parapublics.
Ramgoolam a accusé l'ancien ministre des Finances de falsifications massives des chiffres économiques. «Ils ont manipulé les statistiques sur la croissance et le déficitbudgétaire, imprimé de l'argent sans retenue, et laissé la roupie perdre 45 % de sa valeur en dix ans», a-t-il affirmé. Résultat : un endettement public insoutenable qui, selon lui, équivaut à Rs 500 000 par habitant dès la naissance.
Le spectre des agences internationales
Le Premier ministre a souligné les difficultés de rétablir la confiance des agences internationales comme le FMI ou Moody's. Ces dernières pourraient rétrograder Maurice au rang de Junk Status en raison des dépenses liées aux promesses électorales, notamment le 14e mois, la compensation salariale et la baisse des prix des carburants.
Des promesses sous pression
Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ont reconnu les limites de leurs engagements électoraux. La promesse phare du 14e mois, par exemple, ne sera tenue que partiellement : les salariés gagnant jusqu'à Rs 50 000 recevront leur bonus en deux tranches - une première en décembre 2024, l'autre en janvier 2025. Une décision, selon Bérenger, pour éviter un épuisement des finances des ménages en fin d'année.
Les scandales financiers refont surface
Ramgoolam a également pointé du doigt des scandales financiers, évoquant les cas Betamax, Neotown, le groupe BAI, et les malversations au sein de la Mauritius Investment Corporation (MIC). Il a accusé l'ancien gouverneur de la Banque centrale d'avoir facilité des prêts douteux en lien avec Pulse Analytics et Menlo Park, prétendument utilisés pour financer de faux sondages politiques.
Selon le Premier ministre, Rs 10,2 millions auraient été débloquées sans garanties, bien qu'une partie de ces fonds - environ Rs 34 millions - ait été gelée avant de quitter le pays.
Chagos et diplomatie : Un autre front
Ramgoolam a également abordé la question des Chagos, critiquant la gestion de ce dossier par l'ancien Premier ministre. Il a fait état de propositions soumises à Harriet Matthews, représentante britannique, pour garantir que les négociations avec le Royaume-Uni s'alignent sur les intérêts de Maurice.