Au Burkina Faso, c'est un document qui circule depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux : le procès-verbal d'une audition d'Anselme Kambou. L'homme d'affaires interpellé le 30 septembre 2023 par des hommes de l'Agence nationale de renseignement, y explique dans quelles conditions il a été arrêté et maltraité.
Dans cette déposition faite le 27 aout 2024 au juge d'instruction Abdoul Ouatarra officiant pour le Tribunal militaire de Ouagadougou, Anselme Kambou revient sur son enlèvement et surtout le cauchemar qui s'en est ensuivi.
Le 20 septembre, suite à un traquenard tendu par un ami, Anselme Kambou est kidnappé par des inconnus armés qui, dès qu'il le charge dans un fourgon, commencent un tabassage en règle et un travail de pression psychologique. Téléphones confisqués, on lui met une cagoule sur la tête avant de l'embarquer pour une destination secrète.
Tout en le frappant, on le somme de donner le nom d'officiers militaires, présumés complices d'un présumé complot contre l'État. Les actes de tortures se succèdent pendant son incarcération : simulacre d'égorgement, revolver dans la bouche, injection de produits douteux, tabassage encore et finalement racket.
Car faute d'aveu, les enquêteurs deviennent racketteurs et proposent un marché à Kambou. Contre 1 2 milliard de Francs CFA, soit 1,8 million d'euros, il sera libéré. Son épouse est sollicitée, un rendez-vous à sa banque est même organisé, mais sans succès.
Pour mémoire, en novembre 2023, le tribunal administratif de Ouagadougou a ordonné la libération d'Anselme Kambou kidnappé sans raison valables par l'Agence nationale de renseignement. Quinze mois plus tard, l'homme d'affaires est toujours entre les mains de ses geôliers.