Junior Minister, c'est un peu l'antichambre du poste de ministre. Dans le jargon sportif, on peut facilement faire la comparaison avec un centre de formation. Si certains centres de formation produisent des athlètes de haut niveau, d'autres laissent certains se perdre dans la nature parce qu'ils se sont brulé les ailes trop tôt.
Avec une ancienne sportive de haut niveau - on parle quand même de niveau mondial - au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports, tous les sportifs voudront savoir si un des leurs pourra effectivement changer les choses, en parlant leur langage.
Karen Foo Kune parle effectivement de régler, à la base, les problèmes rencontrés par les sportifs. Il y aura forcément un temps d'adaptation pour la nouvelle équipe en fonction, mais les espoirs sont énormes. Si certains noeuds gordiens peuvent être défaits avec le temps, certains obstacles nécessitent de la poigne. Un sportif ne peut pas, par exemple, attendre la veille pour voir son dossier être accepté pour une participation à une compétition internationale. Si les bureaucrates voient cela normal, ça ne l'est pas pour tout sportif et entraîneur qui se respectent!
Autre exemple flagrant: envoyer un sportif à une compétition sans son entraîneur et parallèlement faire de la place pour des dirigeants «pigeon voyageurs». En tant qu'ancienne sportive ayant participé aux Jeux olympiques, aux Jeux d'Afrique, aux Championnats d'Afrique, aux Jeux des îles et aux championnats nationaux, bien malin est cet officier du ministère de la Jeunesse et des Sports qui osera donner des leçons de sport à Karen Foo Kune.
Nous avons vu pas mal de techniciens se faire bouffer par la politique. Mais les premières paroles de Karen Foo Kune sont encourageantes pour le giron. «Il faut inculquer les valeurs à nos jeunes. Malheureusement, j'ai vu un effritement ces dernières années avec une augmentation de fléaux et de violences. Avec de la volonté politique, c'est notre responsabilité de faire les choses s'améliorer. On peut inculquer une différente mentalité et le sport et ses valeurs apportent beaucoup, y compris dans notre vie de tous les jours. Ceci, afin de créer des citoyennes et des citoyens meilleurs.» Pourvu que ça dure, car les espoirs sont immenses.
Le combat a déjà commencé. Les yeux seront rivés sur elle, mais on imagine qu'elle en a eu l'habitude, que ce soit pour sa plastique ou pour la compétition. La jeunesse et le sport sont intrinsèquement liés, dit-elle. Chiche ! L'un entraînera l'autre dans son excellence. Ce sera un travail d'équipe. Comme en sport. Il ne faut laisser personne derrière et surtout, ne laisser personne s'accaparer toutes les décisions pour faire un one-man show.
Il faudra aussi apporter cette culture du sport qui a disparu au fil des années. Ceux qui ont connu les intercollèges d'athlétisme savent pertinemment bien d'où peut bien germer une culture du sport. Verra-t-on un retour de ces intercollèges, voire une autre formule tout aussi intéressante et populaire ? On a cinq ans pour le découvrir.
Un programme pour les jeunes, dit-elle, est en préparation. Cette jeunesse a besoin de repères, de role models, d'espoir et de valeurs. L'oisiveté est la mère de tous les vices, dit-on. Donnez-leur des terrains pour s'entraîner et se défouler. Ouvrez-leur ces terrains de quartier ou de collèges. «Notre devise, c'est d'apporter les activités aux gens et non le contraire», dit-elle. Trop souvent, nous avons vu des jeunes rentrer à la maison parce que le terrain était fermé, soit par manque de gardien, soit par manque de volonté politique. À croire que les heures d'ouverture d'un terrain de sport marchent de pair avec les horaires du fonctionnaire (9h-16h). Plus ironique, il n'y a pas de budget pour payer les heures supplémentaires d'un gardien... mais il y en a suffisamment pour payer les honoraires des gens assistant aux réunions stériles !
On espère, ainsi, que le budget des sportifs ira dans la poche des sportifs ! Nos deux yeux scruteront en permanence ces abus... ainsi que tous les autres !