Des acteurs majeurs du secteur de l'eau et de l'assainissement se sont réunis à Dakar, dans le cadre d'un atelier organisé par l'Alliance d'Afrique Francophone pour l'Eau et l'Assainissement (AAFEA). Ce rendez-vous, qui regroupe des organisations de la société civile (OSC) de 09 pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre, vise à élaborer des stratégies concrètes pour rendre effectifs les droits humains à l'eau et à l'assainissement dans une région où ces défis demeurent cruciaux.
Cet atelier, organisé par la Coalition Eau, la POSCEAS et l'ONG GRET, met l'accent sur le partage d'expériences et la coordination des efforts pour l'atteinte de l'Objectif de développement durable (ODD) 6, qui garantit un accès universel à l'eau potable et à l'assainissement d'ici 2030. Sandrine Métayer, coordinatrice de la Coalition Eau, a rappelé que l'AAFEA, un réseau informel réunissant des OSC de pays tels que le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, et le Sénégal, la Guinée Conakry, le Cameroun, le Niger, le Tchad et le Togo, vise à structurer et renforcer les capacités des organisations locales pour une meilleure interaction avec les autorités publiques.
Le conclave de Dakar a aussi permis de mettre en lumière les difficultés spécifiques rencontrées par les pays en transition en Afrique de l'Ouest et du Centre. Ces États font face à des infrastructures fragiles, des gouvernances souvent déficientes, et un sous-financement chronique du secteur de l'eau et de l'assainissement. Le taux d'accès à des services adéquats reste faible dans ces pays, où la croissance démographique rapide et l'urbanisation exacerbent les inégalités. En zone rurale, la défécation à l'air libre et le manque de sensibilisation à l'hygiène constituent encore des obstacles majeurs.
Selon Aziz Faye, coordonnateur de la POSCEAS, cette rencontre représente une opportunité de mutualiser les efforts et d'engager un dialogue constructif avec les gouvernements. «Il est crucial que les voix de la société civile soient entendues dans les processus décisionnels afin que les politiques publiques reflètent les attentes des populations», a-t-il déclaré.
Le Directeur de l'Assainissement du Sénégal, Oumar Sène, représentant le ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement, a pour sa part insisté sur la collaboration entre société civile et institutions étatiques. «L'atteinte des objectifs de l'ODD 6 nécessite une gouvernance renforcée et des mécanismes inclusifs pour garantir un accès équitable à tous.»
L'AAFEA a présenté sa stratégie 2023-2027, axée sur trois priorités : renforcer les capacités de plaidoyer des collectifs, structurer la gouvernance de l'alliance, et plaider pour un financement accru du secteur. Une note de plaidoyer multi-pays a été élaborée, appelant à l'intégration des droits humains dans les politiques publiques et à une gouvernance participative. Cette note a déjà été bien accueillie lors d'événements internationaux comme le Forum mondial de l'eau à Bali (Indonésie) en 2024.
Les discussions se poursuivent à Dakar sur les priorités pour 2025, avec notamment la planification des prochaines actions communes et la préparation de la Conférence des Nations unies (ONU) sur l'eau en 2026. Cet atelier marque un pas décisif pour une mobilisation accrue des OSC et des gouvernements en faveur de l'eau et de l'assainissement, un défi vital pour le développement durable de l'Afrique.