L'attribution des marchés publics débouche souvent sur des grognes parmi les soumissionnaires des appels d'offres. Avec un portefeuille actif de 4,1 milliards de dollars, la Banque mondiale tenait à clarifier les règles du jeu.
Une rencontre intéressante, passée presque dans un relatif anonymat. La Banque mondiale, en partenariat avec la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Antananarivo (CCIA), a organisé un forum stratégique sur les marchés publics l'autre jeudi, au Novotel Ivandry.
Cette réunion sous forme d'explications a rassemblé des acteurs publics et privés, focalisés sur un enjeu de taille : celui d'offrir aux entreprises malgaches les outils nécessaires pour saisir les opportunités offertes par les projets financés par la Banque mondiale. Avec un portefeuille d'investissements atteignant 4,1 milliards de dollars dans des secteurs clés comme l'énergie et les infrastructures, ces marchés représentent une véritable aubaine pour le secteur privé local.
« Sur une fausse idée reçue, beaucoup ont tendance à penser que les entreprises locales n'ont pas accès aux marchés publics de la Banque mondiale. Elles ont un taux de réussite de 45% dans les appels d'offres, bien entendu sous réserve de satisfaire les conditions requises », précise Sidy Diop, spécialiste de la passation de marchés de la Banque mondiale. Il insiste sur deux principes : « la transparence et la lutte contre la corruption pour garantir une concurrence équitable. Les délais de paiement, fixés à trente jours, visent à rassurer les entrepreneurs et à encourager leur participation », soutient ce partenaire financier et technique de premier rang pour Madagascar.
Écueils
Un portail d'entrée pour avoir le maximum d'informations est déjà opérationnel, ce qui a répondu au souhait exprimé par Gil Razafintsalama, président de la CCIA : « L'élargissement des processus pour inclure les petites entreprises ».
En parallèle avec ce forum, le ministère de l'Économie et des Finances, en collaboration avec la Banque mondiale et la Banque Africaine de Développement, organise depuis le 9 au 20 décembre un atelier pour se pencher davantage sur la gestion des marchés publics. Car des constats s'imposent telle une évidence : « Malgré les initiatives visant à rendre les processus de passation des marchés plus transparents, le manque de clarté des critères de sélection et la complexité administrative rendent l'accès aux marchés publics inégal. Beaucoup d'entreprises, en particulier celles du secteur privé, se heurtent à un système opaque et peu inclusif. Les pratiques de favoritisme et la corruption continuent d'entraver une compétition saine, nuisant ainsi à l'équité des appels d'offres ».
Il reste aussi d'autres écueils à surmonter, comme les critères flous d'attribution des marchés publics. La situation nécessite alors des réformes profondes, pour ne pas léser les uns et favoriser les autres.