D'ici 2025, les entrepreneurs locaux disposeront chacun d'un guide sectoriel élaboré où seront disponibles des conseils pratiques et des outils permettant aux conseils d'administration d'intégrer plus efficacement les éléments de la gouvernance climatique dans leurs organisations. Trente-deux ans après la forte reconnaissance de son importance en marge de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la notion de gouvernance climatique est-elle entrée dans les moeurs des entrepreneurs locaux ? À savoir le souci d'inclure dans leur stratégie de développement les mesures qu'ils ont prises pour tant soit peu manifester leur volonté à contribuer à lutter contre les facteurs pouvant potentiellement contribuer à envenimer davantage le changement climatique.
La réponse du Mauritius Institute of Directors (MIoD), une organisation professionnelle qui, depuis sa création en 2008, s'est fixé comme principal objectif l'amélioration des standards et des pratiques de gouvernance d'entreprise à Maurice, n'est pas positive à 100 % par rapport à cette question. Ce qui fait défaut, c'est l'absence d'un guide sectoriel permettant de fournir les conseils pratiques et les outils appropriés aux conseils d'administration des entreprises afin de favoriser l'intégration de façon plus efficace autant d'éléments possibles de la notion de la gouvernance climatique dans leurs organisations. La décision est prise. D'ici le début de 2025, ce manque sera une chose du passé avec la mise à la disposition des entrepreneurs d'un toolkit pouvant les aider à se conformer davantage aux obligations de la gouvernance climatique.
Cependant, avant d'y parvenir, il est indispensable de franchir deux étapes fondamentales. Il s'agira premièrement de réunir toutes les parties prenantes lors d'une table ronde dans le but d'inspirer l'organisation des échanges autour des défis climatiques auxquels font face les entreprises. Il sera aussi important de repérer les éléments pratiques susceptibles de constituer tout un barrage d'obstacles à la mise en oeuvre de solutions efficaces pour participer à des actions devant aboutir à la réduction des émissions de carbone dans l'atmosphère. L'autre étape consistera à l'organisation d'un sondage.
Le principal objectif de cette initiative sera d'effectuer une évaluation qualitative de l'état d'application de la notion de gouvernance climatique au sein du secteur privé à Maurice. Les informations issues des discussions de la table ronde et de ce sondage serviront à définir l'orientation du développement d'un programme de formation certifié par la Climate Governance Initiative (CGI), un réseau mondial soutenu par le World Economic Forum et dont fait partie la CGI Mauritius. Il s'agit d'un programme conçu spécifiquement pour les administrateurs et aligné aux paramètres des normes internationales, tout en répondant aux particularités du contexte mauricien.
La première étape, «Beyond Business as Usual: The Climate Roundtable», a eu lieu le mardi 3 décembre à l'hôtel Hennessy Park, Ébène. Cette table ronde a rassemblé des dirigeants d'entreprise, des experts ainsi que des représentants des secteurs public et privé. Le nouveau gouvernement a manifesté un intérêt particulier pour cette initiative. Pour preuve, Rajesh Bhagwan, ministre de l'Environnement, de la gestion des déchets solides et du changement climatique, Jyoti Jeetun, ministre des Services financiers et de la planification économique, et Dhaneshwar Damry, junior minister aux Finances, ont honoré cette table de leur présence. Pour Rajesh Bhagwan, la gouvernance climatique exige des actions concrètes. «Il ne suffit plus, a-t-il souligné, de faire des promesses ou des déclarations d'intention. Le moment est venu pour des actions décisives. Chaque acteur a un rôle à jouer dans nos efforts nationaux pour lutter contre le changement climatique.»
Jyoti Jeetun a déclaré qu'il n'en fallait pas plus pour se convaincre que pour l'équipe qui venait de prendre les affaires du pays en main, la gouvernance climatique serait au coeur de ses préoccupations. «Je tiens à confirmer que le changement climatique sera une priorité majeure de notre agenda. Il est essentiel de reconnaître l'urgence des enjeux actuels pour mieux planifier et préparer l'avenir. Face à la gravité des défis, nous élaborerons un plan d'action visant à préparer le pays, sa population et ses entreprises à relever les obligations associées à ces enjeux. Nous devons nous assurer que le secteur public et nos opérateurs privés partagent une vision commune sur ce plan. Pour atteindre cet objectif et bâtir un avenir plus durable, il sera nécessaire de mettre en place des politiques adaptées, un cadre de gouvernance approprié et un plan d'exécution efficace», a-t-elle indiqué.
Pour Dhaneshwar Damry, lui, la croissance économique envisagée dans l'approche du nouveau gouvernement porterait désormais l'empreinte des obligations d'un modèle de gouvernance qui refuserait par ses mesures de compromettre les droits des générations futures. «Un nouveau chapitre, devait-il déclarer, s'écrit pour l'île Maurice. Une croissance durable pour garantir un avenir prospère et sûr à notre population. Une île Maurice résolument engagée, à l'avant-garde des initiatives sur le changement climatique et la gouvernance climatique. Une île prête à relever les défis climatiques et à se préparer pour l'avenir - pour aujourd'hui et pour les générations futures, ce n'est pas seulement une vision, mais une déclaration d'intention forte - une mission. Ensemble, faisons-en une réalité !»
La haute commission britannique à Maurice, HSBC Mauritius par le truchement de CGI Mauritius et le Taskforce on Access to Climate Finance étaient aux côtés du MIoD pour l'organisation de cette table ronde. La présence des représentants du Taskforce on Access to Climate Finance est une mesure d'une importance capitale pour le MIoD, car cette dernière est une plateforme où les pays vulnérables face aux effets du changement climatique peuvent manifester leurs préoccupations par rapport au mode de financement des pays avancés. Cela, afin de pouvoir prendre des mesures appropriées, qualifiées de lentes, complexes et insuffisantes.
Charlotte Pierre, la haute-commissaire britannique, a souligné que la lutte contre les effets du changement climatique exigeait une collaboration prononcée. «La table ronde illustre parfaitement la collaboration nécessaire entre le secteur privé, le gouvernement et les partenaires internationaux face à la crise climatique. Je suis ravie que la British High Commission, à travers l'UK Taskforce on Access to Climate Finance, soutienne une initiative aussi essentielle pour aider Maurice à saisir les opportunités commerciales que la transition climatique va occasionner, tout en reconnaissant et en répondant aux risques associés. J'ai hâte de voir comment toutes les parties prenantes relèveront ce défi», a-t-elle fait ressortir.
Pour Greg Lowden, Chief Executive Officer de HSBC Mauritius et président du conseil d'administration de l'Advisory Council de CGI Mauritius, le rôle des entreprises dans le cadre de la transition vers une situation où la neutralité carbone est réalisable est capital. «Notre pays, comme le reste du monde, se trouve à un tournant décisif face aux défis urgents du changement climatique. Les entreprises ont un rôle essentiel à jouer dans la transition vers une économie neutre en carbone. Chez HSBC, nous sommes fiers d'être un partenaire de confiance, accompagnant nos clients dans leur transition vers la neutralité carbone et dans leurs démarches de durabilité. En privilégiant les énergies renouvelables, en favorisant l'innovation scientifique basée sur des données concrètes et en alignant nos actions avec notre responsabilité commune, nous pouvons exploiter des opportunités majeures et construire un avenir plus durable et florissant pour Maurice.»
Quant à Sheila Ujoodha, Chief Executive Officer du MIoD et présidente du conseil d'administration du Steering Committee de CGI Mauritius, elle a réitéré la volonté de l'organisation qu'elle dirige d'être aux côtés des entreprises dans leur quête à démontrer leur détermination pour faire de sorte que les obligations liées à la gouvernance climatique fassent partie de leurs préoccupations quotidiennes. «En tant que plateforme engagée, avec la collaboration de HSBC et de l'UK Taskforce on Access to Climate Finance, a-t-elle indiqué, le MIoD réaffirme son engagement à soutenir les conseils d'administration des entreprises dans leur transition vers des pratiques climatiques efficaces. Nous remercions sincèrement la British High Commission pour son soutien dans l'organisation de cette table ronde, et nous attendons avec intérêt les retours des discussions et les résultats du sondage.»