Grâce au concours Greenovation, 36 jeunes de neuf pays du continent africain, dont Maurice, ont montré ce qu'ils peuvent concevoir comme solutions pour que l'Afrique de demain adopte un modèle de développement qui ne constitue pas un danger pour l'environnement. Le concours a été organisé par Junior Achievement Africa (JA Africa), une organisation non gouvernementale dont la priorité s'articule autour de la nécessité de conférer aux jeunes les compétences dont ils ont besoin pour trouver leur place dans le monde des affaires et celui du travail.
Non pas une mais des lueurs d'espoir ont illuminé l'atmosphère à Labourdonnais Waterfront Hotel, à Port-Louis. Des lueurs d'espoir car, du 4 au 6 décembre, cet hôtel a accueilli des jeunes venus de neuf pays du continent africain, à savoir le Ghana, le Nigéria, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, l'Ouganda, la Zambie, le Zimbabwe et l'île Maurice. Des jeunes pas comme les autres ou plutôt qui n'ont pas été élevés pour suivre aveuglément ce que l'histoire socioéconomique de leur pays respectif et celle du monde leur ont légué comme héritage. Des jeunes prêts à en découdre avec un phénomène dont les échos donnent des sueurs froides aux dirigeants du monde.
Nul besoin de se casser les méninges pour repérer l'identité de ce phénomène car il ne peut s'agir que du dérèglement climatique, dont les effets se manifestent, entre autres, autour de la hausse des températures qui occasionne l'éclatement des incendies, la formation des ouragans, l'émergence de périodes de forte sécheresse ou encore des inondations. Des jeunes pas comme les autres car ils ont été formés à croire que la découverte de solutions appropriées face à des problèmes de quelque nature que ce soit passe obligatoirement par l'exploitation du potentiel de leur capacité à innover.
C'est un domaine cher au JA Africa et ceci passe par l'organisation de compétitions, un exercice qui pousse les jeunes à aller au-delà de leurs capacités. Cette année, les 36 jeunes participants à l'édition 2024 de la compétition de JA Africa avaient un défi à relever. Il s'agissait de leur capacité à venir de l'avant avec des idées qui devaient manifester leur degré d'implication dans la nécessité de promouvoir un modèle de développement durable qui, par définition, refuse de recourir à une stratégie qui compromet le droit des futures générations et qui place sur la liste de ses priorités le combat contre le réchauffement climatique.
La Tanzanie, Maurice et l'Eswatini s'imposent
Dommage que l'exercice se soit déroulé dans les paramètres d'une compétition qui, par définition, place les gagnants au-dessus des autres participants. Une visite dans la salle où ces jeunes ont exposé le fruit de leurs travaux de recherche a indiqué que le phénomène du dérèglement climatique et ses effets néfastes étaient en face des jeunes qui ne craignent pas de rebondir. Ils ont tous été à la hauteur. Mais puisqu'il s'agissait d'un concours et qu'il fallait choisir les ouvrages qui sortent du lot, les trois projets qui ont séduit les membres du jury de cette compétition sont ceux des équipes de la Tanzanie, de Maurice et de l'Eswatini (ex-Swaziland).
Bloomtech a séduit avec son projet intitulé OptiGrow. Séduit car ces jeunes de la Tanzanie ont démontré comment l'inclusion des atouts des technologies innovatrices, dans ce cas précis l'intelligence artificielle, chez les producteurs agricoles les plus éloignés des centres de développement peut les aider à adopter confortablement des méthodes qui ne constituent aucune une menace pour l'environnement et qui peuvent contribuer considérablement à augmenter la production. Une application inspirée des atouts de l'intelligence artificielle permet de maintenir une communication constante avec des fermiers, même si le fournisseur d'accès qui assure ce service de communication a cessé, pour une raison ou une autre, ses opérations.
Maurice n'a pas démérité avec la participation d'une équipe de Sookdeo Bissoondoyal State College. Le projet, baptisé Aquaglow, a pour principal objectif de concevoir un dispositif de purification de l'eau grâce à un système de filtration avancée. Le recours à l'énergie solaire permet de transporter ce dispositif n'importe où. Mieux, grâce aux atouts de l'ultraviolet, ce dispositif peut neutraliser la présence de bactéries qui circulent dans l'air sans que l'oeil nu ne puisse les détecter. Pas un hasard que les membres du jury aient retenu le projet, baptisé Agritech Solutions, de l'Eswatini. Les membres de l'équipe participante ont montré comment tout un pays avait développé un ensemble de solutions pour faire la démonstration qu'il est possible de concevoir un système de production agricole qui soit en conformité avec les obligations d'un modèle qui vise la protection de l'environnement.
L'équilibre entre la nécessité de choisir trois gagnants et les autres qui n'ont pas démérité a été de distribuer des trophées pour les initiatives non primées. À titre d'exemples, Sunsip Irrigation Systems du Ghana et Takunda Chamaona du Zimbabwe ont décroché le Boeing Sustainable Innovation Award et l'ABC Bank Rising Leader Award respectivement.
Orientation des jeunes
La liste de compagnies, parmi lesquelles Delta Air Lines, NASCON, MIPS Technology et FedEx Global, qui ont accepté d'offrir des trophées est une indication que l'approche de JA Africa pour l'intégration des jeunes dans la gestion des défis de l'avenir est une orientation qui ne laisse pas indifférent. Rien n'était perdu d'avance pour les participants. Ce n'était pas tant la compétition qui allait déterminer leur succès, mais la réaction des décideurs des marchés qu'ils avaient visés. Un projet qui trouve preneur est une garantie certaine d'emploi pour ses concepteurs. Bref, une initiative qui va bien au-delà de la stricte compétition.
La satisfaction est totale pour Simi Nwogugu, Chief Executive Officer de JA Africa. «La thématique choisie pour l'édition 2024 de la compétition de JA Africa a démontré que le programme éducatif que nous avons conçu a permis à des jeunes de développer leur potentiel tant en termes d'entrepreneuriat que par rapport au niveau de résilience dont ils doivent faire preuve pour faire du développement durable une réalité sur le continent africain. Les participants ont démontré comment il était possible de combiner les atouts propres à l'innovation à un réel engagement pour la protection de la planète. Nous sommes convaincus que les jeunes ont le pouvoir de façonner et de concevoir le futur du continent selon les obligations d'un modèle de développement qui ne représente pas une nuisance pour l'environnement.»