Il s'est ouvert, depuis quelques jours, le procès de détournement de gros sous au ministère en charge de l'action humanitaire. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce procès est très bien suivi surtout qu'il est retransmis en direct sur les antennes de la Télévision nationale.
Les uns donc après les autres, les prévenus défilent à la barre pour répondre des faits qui leur sont reprochés. Ce procès, il faut le dire, semble loin de connaître son épilogue. Car, à chaque audience, sont cités de nouveaux noms que le tribunal se donne la peine d'entendre en vue de la manifestation de la vérité. Mais d'ores et déjà, on peut dire, sans aucun risque de se tromper, que ce procès en cours met à nu les failles de notre Administration publique.
Certes, on la savait pourrie et pleine d'affairistes. Mais on ne savait pas que le mal était si profond. En effet, il y a des agents qui ne jurent que par l'argent. Ils se sucrent et s'enrichissent sur le dos de l'Etat. Pour eux, tous les moyens sont bons pour se faire des sous. Si fait qu'ils profitent énormément des postes qu'ils occupent. C'est ce qui explique que certains agents publics, en si de peu de temps, en plus de rouler carrosse, commencent à faire des réalisations monumentales.
Certains parmi ces agents indélicats n'hésitent même pas à brocarder leurs collègues qui ont décidé de rester dignes tout en se contentant de ce qu'ils gagnent honnêtement. Si fait que l'on a la fâcheuse impression que l'honnêteté ou la probité, dans ce pays-là, est devenue un délit. En tout cas, pour revenir au cas précis du procès du détournement au ministère de l'Action humanitaire, ce jugement nous a appris que dans l'Administration publique, il y a deux types d'agents.
Notre Administration publique a besoin d'une thérapie de choc
Ceux qui, bien qu'ils ne soient pas nombreux, ont la probité et le professionnalisme chevillés au corps et qui se donnent corps et âme au travail, et ceux que l'on peut appeler les chercheurs d'argent par tous les moyens, mêmes illicites. Ces derniers, visiblement les plus nombreux, ne ratent pas la moindre occasion pour s'en mettre plein les poches. Ce faisant, ils rusent avec les textes si fait qu'il est souvent difficile de les démasquer très facilement.
Sont de ceux-là, les agents qui, dans les passations des marchés, excellent dans la surfacturation. Cette pratique, bien que connue de tous, a la peau dure et résiste au temps. Mais le plus grave, dans le cas du ministère de l'Action humanitaire, c'est quand on apprend qu'un agent imite la signature de son supérieur hiérarchique (le procès nous éclairera), pour faire débloquer de très grosses sommes d'argent.
Si dans certains cas, il a bénéficié de la complicité passive ou réelle de son supérieur hiérarchique, il en va autrement pour d'autres cas où il est avéré que l'agent a agi seul. C'est l'un des mis en cause lui-même qui l'avoue publiquement. Voyez-vous ? Notre Administration publique est malade voire très malade si bien qu'elle a besoin d'une thérapie de choc. C'est en cela qu'il faut saluer la volonté affichée des autorités d'opérer une rupture d'avec les anciennes pratiques.
Car, il faut le dire, si le désordre, le laxisme, le clientélisme et l'affairisme se sont durablement installés dans l'Administration publique, c'est parce que les dirigeants d'alors avaient laissé faire. Certains Burkinabè se permettent tous les excès au moment où des compatriotes, chassés de leurs localités respectives, ne peuvent même pas s'offrir un seul repas par jour ni se trouver un abri décent.