Interpellé le 13 novembre dernier, Louis Philippe Houndegnon, est poursuivi pour "incitation à la rébellion et harcèlement par voie électronique".
C'est un procès très attendu et qui a démarré ce lundi 16 décembre devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, la Criet.
Ancien directeur général de la Police nationale, le général Louis Philippe Houndegnon, a été interpellé le 13 novembre 2024 et est poursuivi pour "incitation à la rébellion et harcèlement par voie électronique".
Le général Louis Philippe Houndégnon était très influent sous le régime de l'ancien président béninois, Thomas Boni Yayi. Celui-ci l'avait même nommé en 2015 directeur de cabinet au ministère de l'Intérieur, mais il avait été écarté après l'arrivée au pouvoir du président Patrice Talon.
Des critiques dérangeantes
Le général Houndégnon s'est par la suite beaucoup illustré avec ses fréquentes prises de parole sur les réseaux sociaux pour critiquer le régime en place.
Devant les juges, celui qui plaidera non coupable, à l'instar de son co-prévenu, est défendu par plusieurs avocats, au nombre desquels Me Habiba Touré, du barreau de Seine-Saint-Denis, en France.
"On parle quand même de l'ancien directeur général de la police qui est aujourd'hui poursuivi pour des faits de harcèlement sur, dit-on, les autorités politiques, administratives de l'État. Qui ? Je ne sais pas ! Si maintenant le fait d'émettre des critiques constitue un harcèlement, il y a un vrai problème", estime Me Habiba Touré.
Mais la particularité que relève Distel Amoussou est relative au statut de la personne de l'accusé. L'analyste politique estime qu'un général, de surcroît un ancien patron de la sécurité, ne devrait pas communiquer comme tout le monde.
"Ses propos sortent de l'élégance qu'un homme responsable ayant été à charge d'une direction générale de la police nationale pourrait avoir lorsqu'il n'est plus aux affaires. » Il y a ce qu'on appelle le devoir et l'obligation de réserve. C'est un poste qui lui a permis d'être par le passé au coeur du dispositif sécuritaire de notre pays. À partir de ce moment-là, je crois qu'il pouvait s'éloigner un tant soit peu des micros et des caméras".
"Question de responsabilité"
Interrogé également sur le sujet, Wilfried Léandre Houngbédji, secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement, s'est voulu sans détour.
"On est en démocratie, non ? Chacun est libre de dire ce qu'il veut, d'écrire ce qu'il veut. Et après, il faut qu'il assume. C'est une question de responsabilité".
De la responsabilité, la défense s'est plutôt attaquée aux conditions d'arrestation du général Louis Philippe Houndégnon et à des irrégularités dans sa procédure judiciaire. Des détails qui, selon les avocats, devraient entraîner l'annulation des mesures prises à l'encontre de leur client. Mais la requête ne sera pas approuvée. Ce que regrette Maître Habiba Touré.
"Nous nous attendions à ce que la cour se prononce, mais elle a renvoyé son délibéré au 27 janvier, concernant seulement les moyens de nullité, mais pas le fond du dossier".
En attendant, le mis en cause retourne à sa cellule où il est gardé depuis le 13 novembre. Il est poursuivi pour incitation à la rébellion et harcèlement par le biais de moyens électroniques.