Au Ghana, un ex-otage détenu au Burkina Faso par le groupe terroriste du Jnim lié à al-Qaïda décide, quatre ans après les faits, de raconter cette expérience traumatisante. Cette histoire, la Commission nationale pour l'éducation civique ghanéenne s'en est servie pour sensibiliser les populations aux risques d'endoctrinement extrémiste.
Ce témoignage accordé à la BBC sous couvert d'anonymat, dans lequel ce Ghanéen qui se fait appeler James rend compte des stratégies d'embrigadement dont font preuve les terroristes, surtout auprès des jeunes de la sous-région.
Mawuli Agbenu se souvient très bien de sa première rencontre en 2023 avec celui qui se fait appeler James. Il était alors responsable de la NCCE, la Commission nationale pour l'éducation civique dans la région du Haut-Ghana Oriental. « Nous menions une étude sur les facteurs de risques. Ensuite, nous sommes allés interviewer des étudiants de l'université de Bolgatanga. C'est lors d'une de ces interviews que j'ai rencontré celui qui se fait appeler James, et qu'il m'a raconté son histoire », explique-t-il.
Risque d'endoctrinement
Une histoire retranscrite ensuite par la BBC, dans laquelle James raconte, entre autres, avoir vu des enfants entraînés par le Jnim à mener des attaques kamikazes. Si la plupart des captifs étaient burkinabés, le risque d'endoctrinement des jeunes ghanéens vivant au nord du pays reste, lui, bien réel selon Mawuli Agbenu.
« Les groupes ethniques que nous avons de cette partie du Ghana sont les mêmes qu'au Burkina Faso ; donc, tout ce qu'il se passe au Burkina Faso peut avoir des conséquences au Ghana. De plus, il y a là-bas une forte inflation couplée à un fort taux de chômage, ce qui rend ces gens vulnérables et plus facilement recrutables », détaille-t-il.
Un contexte économique et social aggravé par des conflits ethniques émaillant régulièrement la zone. C'est la raison pour laquelle la NCCE, financée notamment par l'Union européenne, mène encore aujourd'hui des rencontres et des actions de sensibilisations auprès de la jeunesse, surtout au nord du Ghana en s'appuyant notamment, sur l'histoire de James, rescapé des jihadistes.