Madagascar: Évaluation - Le taux de pauvreté de la population inquiète

La publication de l'Agence suisse Watson la semaine dernière sur le taux de pauvreté à Madagascar a alimenté des polémiques entre politiciens et analystes économiques. La Banque mondiale abonde dans le même sens.

Une performance que beaucoup n'ont pas trop envie de vanter. Selon les études de l'Agence suisse Watson, dans une étude publiée la semaine passée, Madagascar arrive en tête des pays ayant la population la plus pauvre au monde, avec 80,3 % vivant avec moins de 2,15 dollars par jour, suivant la nouvelle échelle de notation de la Banque mondiale. Un classement qui a soulevé de nombreuses réactions parmi les personnalités politiques et le milieu des affaires, contestant dans la plupart des cas une telle approximation de la situation qui prévaut.

Cependant, le dernier rapport de la Banque mondiale, publié dans sa dernière newsletter datée d'avant-hier semble corroborer cette « neutralité suisse ». Il y est mentionné que : « L'Afrique subsaharienne abrite les deux tiers de l'extrême pauvreté mondiale. Neuf des dix pays ayant les taux d'extrême pauvreté les plus élevés au monde en 2024 y sont localisés. Ces pays sont, "par ordre décroissant des taux de pauvreté", Madagascar, la République démocratique du Congo, le Mozambique, le Soudan du Sud, le Malawi, la République centrafricaine, la Zambie, le Burundi, la République du Yémen et le Niger ». La Banque mondiale fait état de cette situation dans son rapport sur la pauvreté, la prospérité et la planète 2024, publié en octobre et rappelé dimanche.

Spoliés

La Banque mondiale, dans ce document, indique que : « la répartition régionale de la pauvreté varie en fonction de la norme. Elle souligne que dans l'ensemble, la plupart des pauvres sont concentrés en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. La Banque mondiale insiste alors sur un paradoxe assez révélateur de l'ampleur des problèmes existentiels : "Même si l'Afrique subsaharienne ne représente que 16 % de la population mondiale, elle abrite 67 % de la population mondiale vivant dans l'extrême pauvreté " ».

Sur un autre indice, dans ses Perspectives macroéconomiques de la pauvreté à Madagascar ou les « Macro poverty outlook » (MPO) du pays publiés au mois d'octobre, la Banque mondiale avait indiqué que le taux de pauvreté de la population à Madagascar devrait rester autour de 79,7 % pour 2024. Il s'agit de la proportion des Malgaches disposant de moins de 2,15 dollars par jour, et qui seraient considérés comme vivant dans l'extrême pauvreté.

Ce taux de pauvreté devrait néanmoins baisser à 79,1% en 2025 pour se situer à 78,4 % en 2026, selon les prévisions de ce même document.

Dans l'émission de Télématin de France 2 de la semaine passée, avant la mise en ligne du « scoop » de l'Agence Watson, une enquête a révélé que « 100 milliards de dollars ont été spoliés du pays sous forme de trafics en tous genres et de corruption ces dernières années. Une des origines de cette paupérisation galopante de la population, alors que le pays est doté d'un potentiel économique naturel immense ».

Il est temps de se ressaisir au lieu de palabrer sur des paramètres statistiques d'une complexité certaine. Et le taux de croissance à venir de l'économie, 5 %, ne serait pas suffisant pour réduire cette misère ambiante, à défaut de la faire disparaître de la circulation. Des clichés qui heurtent les esprits.

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