Le mot «eau de vie» prend tout son sens actuellement. Le pays n'a jamais autant souffert de pénurie d'eau. Il ne s'agit pas seulement de l'eau de la Jirama, dont l'insuffisance n'a jamais trouvé d'explication plausible et crédible, mais de la réserve d'eau en général. En dehors de la capitale, là où la population a depuis longtemps mis une croix sur l'eau de la Jirama, optant pour les puits et les forages, il y a également un gravissime problème d'approvisionnement en eau.
La nappe phréatique est complètement à sec. Comme tout le monde a recours à la même source, les puits s'épuisent très vite et l'eau devient boueuse et saumâtre. Même les puits se trouvant à proximité des rizières subissent un tarissement. C'est dire l'ampleur de la sécheresse. L'eau est devenue une denrée rare. Et à ce rythme, les eaux minérales en bouteille feront, à n'en pas douter, l'objet d'une ruée, si ce n'est déjà le cas. Les rayons des grandes distributions sont souvent en rupture de stock.
Il est bien évident que la saison culturale est compromise par cette sécheresse qui perdure. Les producteurs de riz ont commencé à semer, mais toute la culture risque d'être anéantie faute d'eau. Il suffit pour s'en convaincre de constater les quelques hectares de rizières qui ont pu échapper à l'extermination exercée par les remblais. Il n'y a que d'immenses superficies dont les craquelures témoignent de l'ampleur de la canicule qu'elles subissent.
Tout cela résulte de la déforestation, dont on n'a pas mesuré l'importance jusqu'ici. À preuve, les séances de reboisement restent des moments de divertissement plus que d'un véritable engagement citoyen. L'assèchement du barrage hydroélectrique d'Andekaleka, en partie à l'origine du délestage, constitue une preuve concrète des conséquences de la déforestation. Une situation qu'aucun technicien n'avait prévue à la construction du barrage il y a quarante ans. Ce n'est pas pour rien que le gouvernement a lancé la campagne de reboisement à Andekaleka.
C'est pour donner plus de sens à la tentative de reconstitution des forêts de l'Est, réputées pourtant inépuisables. Espérons que des résultats palpables et significatifs seront enregistrés à partir de maintenant, plus de quarante ans après le début des campagnes de reboisement. Des efforts anéantis par les incendies naturels ou criminels et la nécessité vitale d'avoir des champs de culture. C'est le paradoxe des pays pauvres. Il faut consacrer beaucoup d'argent pour préserver la biodiversité alors qu'on ne peut pas nourrir une population démunie de tout. Il est juste compliqué de trouver un équilibre entre la faune, la flore et les hommes. Il est impossible d'inculquer quoi que ce soit à des gens sans la moindre éducation ni connaissance. C'est la raison pour laquelle tout part à vau-l'eau.