Le problème de l'inadéquation entre l'offre et la demande à Maurice ne date pas d'hier. Bien que plusieurs gouvernements aient entrepris des actions pour tenter de le résoudre, il semble perdurer. Le ministre de l'Éducation veut s'attaquer de front à ce problème pour trouver des solutions. S'attelant à la tâche de revoir le système éducatif à Maurice, Mahend Gungapersad a rencontré hier matin les parties prenantes des ressources humaines et du développement des compétences à l'auditorium Octave Wiehe à Réduit, après celle de la semaine dernière avec les représentants du primaire et du secondaire. Il laisse entendre qu'il existe un «sérieux décalage entre les compétences et les besoins du pays».
En raison de ce problème, l'ensemble du pays est affecté, y compris l'économie et les ressources humaines. Pour lui, ce décalage des compétences est un véritable irritant. «Nous avons besoin de ressources humaines pour soutenir ce processus. Si l'éducation n'est pas orientée pour résoudre ces problèmes, nous rendons un mauvais service à la nation.»
Le ministre insiste sur le fait qu'il est impossible de continuer avec le statu quo, car cela n'aidera pas la population. «Il nous faut mettre nos têtes ensemble pour réfléchir et trouver des solutions aux problèmes que nous rencontrons.» Il a également évoqué la résistance au changement, car cela fait «sortir de sa zone de confort», une situation qui n'est pas appréciée par plusieurs. Il déplore un sérieux problème avec les mathématiques à Maurice. «Avons-nous eu une réflexion profonde là-dessus ?» Il souligne la nécessité de rehausser le niveau de nos échanges et insiste sur l'importance de la lecture, qui tend à disparaître avec la numérisation.
Il soutient que la connaissance ne soit pas bien partagée à Maurice et qu'elle divise au lieu d'être un vecteur de partage. «Pouvons-nous considérer l'éducation comme quelque chose de sacré ? Ce n'est pas un échange que nous faisons. C'est quelque chose que nous faisons de manière désintéressée.» Il ajoute qu'en partageant, on se sent habilité et la même chose se passe chez l'autre. «Il ne faut pas qu'il y ait un mur entre les apprenants et ceux qui vont les coacher.» Alors qu'il parlait, les représentants du secteur de la formation applaudissaient le ministre.
Cette réunion, explique-t-il, vise à déterminer comment répondre à ces problèmes, apporter des changements au niveau des politiques, ajuster les types de formations proposées et raviver la passion des formateurs dans leur approche des différents étudiants. «C'est un chantier de grande envergure qui commence afin que nous puissions résoudre ce problème. Si nous n'agissons pas rapidement, le problème sera irréversible.»
Dans l'après-midi, le ministre a réuni les représentants du pré-primaire et a souligné que des problèmes dans ce secteur doivent être résolus. «Nous allons examiner comment améliorer l'éducation de nos tout-petits et comment autonomiser les enseignants qui travaillent avec et pour ces enfants afin de former les citoyens de demain. Cela commence très tôt, mais cela ne se fait plus dans le contexte actuel. Nous devons analyser la situation et déterminer comment offrir une éducation adaptée aux besoins de l'enfant», dit-il.
Une présentation du Foundational Programme in Literacy and Numeracy, après le PSAC, qui remplacera l'Extended Programme, sera bientôt effectuée. Mahend Gungapersad a d'ailleurs indiqué avoir rencontré ceux concernés par ce programme, qui est presque prêt. «Une équipe travaille activement dessus et une fois que j'aurai vu la présentation, nous rencontrerons les parties prenantes pour sa validation et nous l'annoncerons», précise-t-il, en ajoutant que ce programme sera mis en place dès janvier 2025. Concernant le manque de manuels scolaires et d'enseignants, il a souligné qu'il indiquera à l'avance les matières où il y a un déficit d'enseignants ou de manuels et les mesures correctives qui seront prises.
Il déplore que certaines personnes aient formulé des critiques lorsque le gouvernement a permis à ceux ne détenant pas un PGCE d'enseigner. Il précise qu'un maximum de diplômés, issus de Maurice ou de l'étranger, pourront enseigner et que, dès leur deuxième ou troisième année d'enseignement, ils commenceront leur formation pour obtenir leur PGCE au MIE. Selon le Senior Chief Executive de l'Éducation, Ravi Meettook, la nouvelle configuration du ministère constitue un jalon important. Il indique que toutes les discussions en cours dans ce secteur culmineront dans des assises de l'Éducation, prévues l'année prochaine.