Le cyclone Chido a frappé Agaléga, Mayotte et le Mozambique avec une violence inouïe. Des vents de plus de 220 km/h, des maisons arrachées, des vies détruites. Le scénario se répète. Et chaque fois, les bilans humains et matériels s'alourdissent. Nos îles et nos régions côtières, déjà fragilisées par des infrastructures précaires, paient un lourd tribut au réchauffement climatique. Pourtant, chaque cyclone nous rappelle une vérité simple : gouverner, c'est prévoir.
Les cyclones, les inondations, les sécheresses ne sont pas de simples caprices de la nature. Ils sont amplifiés par l'action humaine. Les émissions de CO2 réchauffent nos océans, intensifient les cyclones et rendent nos terres plus vulnérables. Mais si l'homme contribue à ces phénomènes, il a aussi les moyens de s'en prémunir.
Agaléga, au milieu de l'océan, était vulnérable avant même que Chido ne frappe. À Mayotte, où un tiers de la population vit dans des habitats précaires, la destruction était prévisible. Et au Mozambique, la résilience des infrastructures était insuffisante face à une telle violence climatique. Ces exemples ne sont pas des fatalités, mais des appels à l'action.
Lorsque les catastrophes frappent, les États les plus pauvres sont les plus touchés. Leurs budgets, déjà limités ou falsifiés, sont détournés vers l'urgence : reconstruction des routes, des écoles, des hôpitaux, rétablissement des lignes de télécommunications ou d'électricité. Ces dépenses imprévues freinent leur développement économique et plongent encore plus leurs populations dans la pauvreté.
C'est ici que l'assurance contre les risques climatiques prend tout son sens. Le modèle existe déjà. La Banque mondiale a mis en place, depuis 2010, des mécanismes de transfert des risques pour permettre aux pays vulnérables de se protéger financièrement. Ces instruments garantissent des fonds d'urgence dès qu'une catastrophe survient, réduisant ainsi l'impact économique et social. Mais combien d'États en font une priorité ? Très peu. Par manque de moyens, par négligence, ou par défaut de vision.
La prévention, une culture à construire
Anticiper, c'est aussi investir dans des infrastructures résistantes. Des drains qui évacuent les eaux de pluie, des bâtiments conçus pour résister aux vents violents, des systèmes d'alerte efficaces. Cela implique une coordination entre les gouvernements, les collectivités locales, les ONG et même les citoyens.
Mais ces mesures demandent du temps et de la volonté politique. La prévention n'est pas spectaculaire. Elle ne fait pas la une des journaux. Pourtant, chaque roupie investie dans la prévention en épargne sept dans la reconstruction, selon les experts de la gestion des risques.
Les cyclones ne respectent pas les frontières. Une approche isolée ne suffit pas. Il faut des partenariats régionaux et internationaux. Partager les technologies, échanger les savoir-faire, mutualiser les ressources financières et humaines. Le Mozambique, Mayotte (France) et Maurice ne peuvent affronter seuls les conséquences des cyclones. L'Afrique australe, l'océan Indien et le monde entier doivent unir leurs forces.
Le changement climatique est une dure réalité et il ne faut pas tourner le dos au monde. Il faut dialoguer pour affronter demain ensemble. Les cyclones comme Chido en sont la preuve. Et ils se multiplieront. Plus intenses, plus destructeurs. Nos réponses doivent être à la hauteur de ces défis. Prévoir, c'est sauver. Sauver des vies, sauver des économies, sauver des générations.
Ne rien faire, c'est accepter de voir flotter, après chaque tempête, des corps sans vie dans des eaux boueuses. C'est accepter que des milliers de familles soient condamnées à reconstruire leurs maisons encore et encore. C'est accepter que des pays entiers soient réduits à l'état de spectateurs impuissants face à des forces qu'ils pourraient maîtriser.
À nos dirigeants, une question simple : combien de Chido faudra-t-il encore pour que l'on agisse ?