Madagascar: La relance d'un projet minier saluée par le secteur mais fustigée par des associations

À Madagascar, fin novembre, le Conseil des ministres a levé une suspension vieille de cinq ans et autorisé le projet d'exploitation de sables minéralisés de Base Toliara (sud-ouest) à relancer les études d'impact et de faisabilité. Une décision saluée par le privé dans son ensemble qui voit dans la reprise de ce dossier - longtemps emblématique des problématiques de gouvernance au sein du secteur minier - un signal positif. Les associations de protection des citoyens, en revanche, contestent ce revirement. Explications.

L'annonce de la relance du projet Base Toliara a fait l'effet d'une petite bombe au sein du secteur privé et en a étonné plus d'un. À la Chambre des mines de Madagascar, présidée par Jean-Luc Marquetoux, la levée de la suspension a été bien accueillie : « C'est un signal positif aussi bien à l'endroit du secteur minier national, des autres projets en cours de développement, mais également, je pense, de la communauté des investisseurs internationaux. »

La levée de la suspension de Base Toliara - dont l'investissement initial est annoncé à plus de 700 millions de dollars - s'inscrit dans le calendrier d'une démarche que beaucoup jugent vertueuse : révision du code minier en 2023, plan d'assainissement du cadastre minier en 2024, ou encore, tout récemment, les discussions autour du projet de révision de la loi sur les grands investissements miniers (LGIM).

« Bien entendu, souligne toutefois Jean-Luc Marquetoux, l'étape ultime que tous les opérateurs miniers attendent, c'est le retour à la normale du traitement des permis et de l'octroi de nouveaux permis ».

Un revirement critiqué

En 2019, le gouvernement avait justifié la suspension du Base Toliara du fait d'« un manque de clarté » sur les bénéfices pour la population. Aujourd'hui, même si les ministres chargés d'assurer la promotion du projet affirment que « les retombées socio-économiques seront non-négligeables », les associations de défense des citoyens restent inquiètes et fustigent toujours le projet minier. « Autoriser la société Energy Fuels [géant minier américain propriétaire du projet Base Toliara, après le rachat de l'entreprise mère, l'australienne Base Resources, Ndlr] à exploiter la monazite [un minerai, NDLR] pour produire des terres rares en plus de l'ilménite [un autre minerai, Ndlr] à Madagascar reviendrait indubitablement à faire des sites miniers concernés des zones de sacrifice » environnementales et sociales, soutient le communiqué paru au lendemain de l'annonce officielle.

« Energy Fuels est une société cotée en bourse », explique Max Fontaine, ministre de l'Environnement, pour rassurer les détracteurs. « Le cours de son action dépend aussi de sa note environnementale. On parle ici de mine légale, qui ne peut pas - à l'inverse des mines clandestines - mettre de côté l'aspect environnemental. Le cours de son action en Bourse dépend aujourd'hui de ses impacts environnementaux et des mesures que la société prend pour minimiser ces impacts environnementaux. Il n'y aura aucun impact au niveau de la jetée qui sera une jetée en mer avec un pont sous lequel les pêcheurs et les pirogues pourront continuer à naviguer de manière quasi normale. L'eau sera puisée dans les nappes phréatiques, et non dans les rivières ou les fleuves qui alimentent la ville de Tuléar. Au niveau des forêts, si des espèces sont détruites à certains endroits, il y aura des mesures de compensation pour les réintroduire sur d'autres milieux. Il y a des textes de loi sur ça et des procédures qui sont standardisées à l'échelle internationale ».

Le gouvernement a d'ores et déjà annoncé que l'entreprise minière s'était engagée à verser quatre millions de dollars par an. Les fonds seront utilisés « pour financer des projets de développement social et économique dans la région ».

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