Cote d'Ivoire: Présidentielle - Des chemins décroisés ?

18 Décembre 2024
analyse

Plus on s’approche de la présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire, et plus on se rend compte de la complexité de ce qui devrait être un simple exercice pour tracer la voie de la succession du Président arrivée, par la force des choses à briguer un quatrième mandat, dont tout le monde pensait que celui-en cours en serait son dernier. Nul besoin de revenir sur les péripéties et le prétexte qu’il avait servi alors, pour se présenter à un troisième mandat.

Aujourd’hui, on semble assister à une sorte de tectonique des plaques, tant les blocs qui initialement structuraient le jeu des acteurs politiques semblent être dépassés voire obsolètes. Même si les partisans du Président   Ouattara, par l’une des voix les plus autorisées comme Kafana Koné, semblent tenir le bon bout en clamant Urbi et Orbi que c’est Alassane leur candidat en 2025, le feu couve. Alassane Ouattara le sait très bien, raison pour laquelle il s’emmure dans un silence de cathédrale, sachant très bien que la bataille pour sa succession a été ouverte par ses compagnons, depuis la mort de ses deux 1er ministres, Amadou Gon Coulibaly et Ahmed Bagayoko. En vérité, c’est lui-même Ouattara qui avait annoncé la couleur, en déclarant vouloir laisser la place aux plus jeunes.

Cependant, rattrapé par le temps, il n’a pu préparer son dauphin pour le mettre sur orbite. Ceux qui pensaient à son vice-président Tiémoko Meylet Koné, ancien gouverneur de la BCEAO, sont dubitatifs aujourd’hui, à l’allure où vont les choses au sein du RHDP, qui faut-il le rappeler regroupaient à l’origine 5 partis à savoir : le RDR, PDCI-RDA, UDPCI de Albert Toikeusse Mabri, le mouvement des forces d’avenir de Siaka Ouattara, et Union pour la Côte d’ivoire de Anicet Brou YAO. Cette coalition est, il est vrai devenue un parti, à l’initiative du RDR de Alassane Ouattara et de l’UDPCI, tandis que les autres font bande à part en y lissant parfois une aile dissidente. Ce parti reconfiguré est aujourd’hui, par la voix de ses personnalités les plus en vue, favorable à une candidature de Ouattara non pas pour un 4ème mandat mais, pour selon eux, un deuxième mandat sous la 3ème république. Allez comprendre de quoi cela retourne.

C’est la raison pour laquelle, les perspectives de la présidentielle se présentent comme les plus disputées, même si la floraison de candidatures que certains soupçonnent de se produire au sein de l’opposition, et l’éventualité d’une candidature de Ouattara risquent d’en réduire la portée.

En effet, dans le camp du PDCI-RDA dirigé jusqu’à son décès par Henri Konan Bédié, on semblait un tant soit peu tenir la clé de l’alternance. Les obsèques de ce dernier avaient, en effet mis en scelle Tidjane Thiam pour diriger cette cérémonie à très forte tonalité politique.

Pour les observateurs politiques c’était de fait, une intronisation de l’héritier du sphinx de Daoukoro ; le Congrès du PDCI l’a d’ailleurs entériné en faisant de Tidjane Thiam le candidat à la présidentielle de 2025. Toutefois, ce choix est loin de faire l’unanimité, car Jean Louis Billon ancien ministre du Commerce lui conteste cette légitimité, et commence déjà à « battre campagne » en brandissant un des griefs opposés à Thiam à savoir, une insuffisante connaissance du pays pour avoir fait toute sa carrière à l’étranger.

Il reste toutefois un candidat sérieux, qui devra certainement croiser le fer avec une frange du Front Populaire Ivoirien (FPI) aujourd’hui éclaté en plusieurs morceaux avec Pascal Affi Nguessan, « le duo éventuel » Simone Gbagbo /Charles Blé Goudé, qui depuis un moment semble être dans une dynamique d’alliance et bien sûr Laurent Gbagbo et le PPA-CI en attente d’une validation de sa candidature par la justice qui l’a déjà acquitté.

Guillaume Soro reste aujourd’hui en embuscade, et tout laisse croire à une alliance avec un candidat de l’opposition vue l’hypothèque qui plane sur son éligibilité.

L’un dans l’autre, les deux cas de figure qui se dessinent offrent un paysage ou le Président Ouattara qui brigue un 4ème mandat, étouffe certaines velléités de candidature de son camp, à défaut le RHDP retrouve les vicissitudes qui ont précédé sa création comme coalition d’abord, avec une affirmation des leaders qui l’ont composé entre autres.

A coup sûr l’expérience notée ailleurs a montré que cet éclatement du bloc n’aboutit à rien de bon pour le camp de Ouattara.  Le PDCI est aujourd’hui divisé entre les pro Thiam et les Pro- Billon, et sauf miracle, la convocation de Billon devant les instances disciplinaires du PDCI montre déjà l’issue finale, tandis que les différentes fractions du FPI se cherchent laborieusement pour ne serait-ce qu’exister dans ce jeu à multiples inconnus, tant les directions choisies risquent de connaitre beaucoup de bifurcations et de surprises de dernières minutes.

D’ici là, la commission électorale indépendante déroule son agenda, non sans les récriminations des partis politiques sur l’exécution du processus ; un élément important pour la transparence du scrutin.

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