En Tunisie, la ville de Zarzis est connue pour être l'un des points de départs des candidats à l'immigration clandestine. Un habitant et artiste de la ville a ouvert un musée privé, dédié aux objets qu'ils trouvent rejetés par la mer, avec de plus en plus de vêtements ou chaussures appartenant à des migrants, morts dans des naufrages. Les exposer dans son musée est une manière de rappeler les drames qui se jouent en mer Méditerranée. Reportage à Zarzis, à l'occasion de la journée internationale des migrants.
Sur l'une des plages de Zarzis, au sud des côtes tunisiennes, Mohsen Lihidheb vide son baluchon. Il a trouvé en marchant cinq chaussures rejetées par la mer. Selon lui, il est fort probable qu'elles appartiennent à des migrants. « Alors, vous pourriez me dire ça vient d'ailleurs, mais nous n'avons pas de rivière à proximité d'ici donc ça ne peut venir que de la mer, et j'en trouve souvent beaucoup. Donc pour moi, à 80% ce sont des affaires de migrants naufragés », assure-t-il.
Lorsque ce retraité commence son projet artistique, il y a trente ans, il s'intéresse d'abord à l'écologie et veut dénoncer la pollution de la mer, en ramassant des objets échoués sur les plages. Mais progressivement, ce sont des vêtements et des chaussures qui reviennent le plus, et parfois même les restes des victimes des naufrages en mer.
« C'est très dur vraiment, j'ai vu des restes humains, des têtes, des pieds, des mains et ça, personne ne se déplace pour les identifier ou les enterrer, c'est très triste. »
Sensibiliser sur les drames migratoires
Dans un terrain qui lui appartient, il a ouvert un musée, dédié à ses trouvailles. Entre les bouteilles jetées à la mer, les objets perdus de pêcheurs ou encore des débris plastiques, les possessions de migrants y occupent une large place.
« Là, c'est le manteau d'une enfant, par exemple. Moi j'essaye à travers tout ça d'attirer l'attention des gens sur ce qu'il se passe. Je le fais pour mon pays, mais aussi nous rappeler aussi l'importance d'être humaniste », confie-t-il.
Le musée de Mohsen reçoit rarement des visiteurs car « il évoque trop la mort », selon les mots de l'artiste, qui veut quand même continuer à sensibiliser sur les drames migratoires. Le 12 décembre dernier, la garde nationale tunisienne a annoncé avoir sauvé 27 migrants subsahariens dans un naufrage à l'est du pays. Neuf ont péri.