Sud-Soudan: Plus d'un millier de civils arbitrairement détenus dont 87 enfants (ONU)

Les conflits locaux risquent de s’aggraver en 2025, l’effondrement économique alimentant de nouvelles violences au Soudan du Sud.
18 Décembre 2024

Les arrestations arbitraires et les détentions de civils qui s'ensuivent restent une grave préoccupation en matière de droits de l'homme au Soudan du Sud, selon un rapport conjoint du Bureau des droits de l'homme des Nations Unies et de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (UNMISS).

Selon l'ONU, quelque 1.140 civils ont été arrêtés arbitrairement puis détenus pour des périodes variables entre janvier 2023 et mai de cette année, dont au moins 162 femmes et 87 enfants, selon le rapport, qui s'appuie sur des cas vérifiés et documentés de violations des droits de l'homme attribuées à la fois à des éléments de sécurité de l'État et à des groupes armés non étatiques.

Selon le document, les femmes et les filles ont été soumises à des arrestations arbitraires et illégales en grande partie pour avoir refusé des mariages arrangés, demandé le divorce ou pour adultère présumé, dans des schémas d'abus renforçant l'utilisation du genre comme instrument de contrôle.

« Il est préoccupant que des personnes aient été arrêtées et détenues - dans de nombreux cas pour des comportements présumés qui ne constituent pas des infractions pénales. Ces pratiques d'arrestation et de détention, telles qu'elles sont décrites dans notre rapport, nuisent aux efforts actuellement déployés par le Soudan du Sud pour réformer le système de justice pénale et améliorer la protection des droits de l'homme », a déclaré dans un communiqué, Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.

Des services de l'Etat et des groupes armés mis en cause

En outre, des personnes handicapées ont souvent été détenues sans jamais avoir été reconnues pénalement responsables et, dans de nombreux cas, sans même avoir commis d'infraction. Des membres de l'opposition politique ou des personnes perçues comme ayant des liens avec eux, ainsi que des personnes ayant manifesté leur intention de participer activement aux processus politiques, ont également été détenus arbitrairement.

Le rapport indique que la plupart des arrestations ont été effectuées par les agences de sécurité du gouvernement, à savoir le service de sécurité nationale, le service national des prisons et les forces de défense. D'autres arrestations ont été effectuées par les groupes armés de l'Armée populaire de libération du Soudan - Opposition et du Front de salut national, ainsi que sur ordre de fonctionnaires de l'État et des comtés.

Malgré les difficultés mentionnées dans le rapport, le gouvernement sud-soudanais s'est efforcé d'améliorer la situation des droits de l'homme et de résoudre certains problèmes liés à l'administration de la justice, comme il l'a indiqué dans sa réponse au rapport.

Avec le soutien de l'UNMISS et d'autres entités de l'ONU, Djouba a pris des mesures pour améliorer l'aide juridique et la réforme du secteur de la justice dans le pays, notamment la création d'un comité de réforme judiciaire et le déploiement d'audiences foraines et de tribunaux spéciaux.

La volonté de reddition de comptes de Djouba

Dans sa réponse au rapport, le gouvernement a également exprimé sa volonté de mener une enquête indépendante sur les allégations de violations des droits de l'homme contenues dans le rapport et de demander des comptes aux auteurs de ces violations.

« La volonté du gouvernement d'enquêter et de veiller à ce que les responsables soient traduits en justice est louable. Nous lui demandons instamment de veiller également à ce que toutes les victimes de violations des droits de l'homme et d'abus reçoivent le soutien et les réparations nécessaires », a affirmé Nicholas Haysom, Représentant spécial du Secrétaire général au Soudan du Sud et Chef de l'UNMISS.

Le Représentant spécial du Secrétaire général a également appelé le gouvernement à promouvoir et à protéger les droits des personnes à la liberté personnelle et leurs droits civils. Il s'agit également de garantir une participation égale des citoyens aux affaires publiques dans la perspective des prochaines élections.

L'ONU s'est dite prête à fournir la coopération technique nécessaire à la réforme des prisons, conformément à la position commune des Nations unies sur l'incarcération.

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