«Je n'avais pas eu de nouvelles de mon fils pendant quatre jours. Heureusement qu'il a pu nous parler brièvement mardi soir», déclare Naveenee Somauroo, une habitante de Roches-Brunes dont le fils travaille à Mayotte, ravagée par les rafales déviatrices de Chido samedi. Elle s'était entretenue avec son fils, Yannick, au téléphone peu avant le passage du cyclone intense. Puis, toute la famille a vécu dans l'inquiétude pendant plusieurs jours et l'angoisse a été à son apogée quand les parents ont vu les dégâts à la télévision, plus particulièrement quand ils ont appris que le cyclone avait pris des vies (voir hors-texte) dans l'île. «Nous l'avons appelé plusieurs fois, mais en vain. La communication ne passait pas», raconte la mère.
Ouf de soulagement hier. Leur fils a finalement pu leur parler. «Il a marché pendant plus d'une heure pour venir jusqu'à l'hôpital de Mamoudzou afin d'accompagner une personne. Il a pu nous téléphoner de là pour nous donner de ses nouvelles et pour raconter sa mauvaise expérience», poursuit la mère. Yannick Somauroo est employé à la préfecture de Mayotte. Il s'était enfermé à double tour dans sa maison quand la furie du cyclone intense mettait le pays à genoux. «Le vent voulait arracher la toiture de sa maison. Heureusement pour lui -- mais tristement pour un autre -, la toiture d'une autre maison s'est effondrée sur la sienne. Il a ainsi été protégé», relate la mère.
Les maisons où le Mauricien habite sont très près les unes des autres. Yannick n'a pas entendu que les rugissements des rafales samedi soir. Il a passé la soirée avec les hurlements de terreur de ses voisins. Le lendemain du passage du cyclone, a-t-il expliqué à sa mère, il est sorti pour constater les dégâts. Il y a découvert une scène apocalyptique devant lui. Tout était détruit. «Il a vu des gens avec des blessures à la tête qui cherchaient de l'aide. D'autres étaient blessés au corps alors que tout était détruit», ajoute Naveenee Somauroo. Un jour après le passage du cyclone, a-t-il décrit à la mère, il y avait l'odeur des cadavres en décomposition qui flottait dans l'air.
La famille Somauroo de Roches-Brunes est inquiète pour Yannick et également pour les autres Mauriciens. «Mon fils m'a fait comprendre qu'il n'y a plus d'eau courante et d'électricité. La situation sanitaire est précaire. Le téléphone portable et les lignes fixes ne marchent plus. Juste avant l'arrivée du Chido, je lui ai dit de faire comme les Mauriciens font d'habitude avant le passage d'un cyclone. Il a acheté des boîtes de conserve, du pain et de l'eau. Je ne sais pas combien de temps il va tenir avec», craint sa mère.
Elle est déjà allée au Mayotte dans le passé et elle sait qu'il y a beaucoup de Mauriciens dans l'île travaillant dans la restauration et l'hôtellerie. «J'espère que leur famille a de leurs nouvelles et qu'ils rentrent au pays», souhaite-t-elle. Son fils est parti à Mayotte en 2020 pour ensuite entamer des études au Pologne avant de retourner dans l'île en 2022. Depuis, il y est resté. Il avait déjà planifié de quitter l'île le 26 décembre pour gagner la France. Sa famille espère qu'il arrivera à le faire.
Bilan partiel de 22 morts
La situation de l'archipel, dévasté par le passage meurtrier du cyclone Chido et menacé par une crise sanitaire, a suscité une importante vague d'appel aux dons et à la solidarité, alors qu'un bilan partiel atteint déjà 22 morts et 1 373 blessés, selon des chiffres communiqués hier soir par le ministère de l'Intérieur. Les autorités redoutent «plusieurs centaines» de morts, peut-être même «quelques milliers» dans le département le plus pauvre de France.