Le passage dévastateur de Chido à Mayotte a ouvert la saison cyclonique dans l'océan Indien. Une période ponctuée de catastrophes devenues plus régulières et intenses au fil des années. À Antananarivo, la capitale de Madagascar, 800 lycéens ont participé les 17 et 18 décembre 2024 à une expérience peu commune : le « Climate Show », un projet de l'Union européenne et de la Commission de l'océan Indien. Un moment interactif conçu pour créer des déclics chez les jeunes Malgaches et en faire les premiers acteurs de la préservation de l'environnement.
Préserver l'environnement à Madagascar est-il déjà peine perdue ? Le système politique actuel est-il adapté à cette lutte ? Embarqués par la voix d'une intelligence artificielle missionnée pour sauver l'espèce humaine, les lycéens répondent à des questions délibérément déconcertantes.
Priscilla, 14 ans, fait partie des alarmistes de l'assemblée : « Ça fait un peu flipper, parce que les préventions ne sont pas rassurantes. Les catastrophes [dont nous sommes témoins ici], c'est pas beau à voir, ça fait mal au coeur. »
« On est témoin de ça tous les jours »
Entre les inondations, la sécheresse, l'érosion côtière, les effets de la destruction de l'environnement sont bien palpables, fait remarquer My Tahirisoa, 24 ans, étudiant ingénieur à Antananarivo : « On est témoin de ça tous les jours. Par exemple, quand j'étais petit, j'avais l'habitude d'aller en vacances à Tamatave à l'Est. Quand on passait par la RN2, il y'avait encore beaucoup de forêt. En ce moment, c'est plus pareil, on remarque qu'il y a de moins en moins d'arbres. »
De quoi créer une conscience écologique chez ce futur ingénieur en énergie solaire bien décidé à s'engager dans le développement de sources d'énergie durables sur l'île.
C'est précisément l'une des missions que s'est donné Jean Rémy Daue, chargé de déployer le « Climate show » dans l'océan Indien, aux Comores, aux Seychelles, puis à Madagascar : « L'objectif général, c'est de leur faire comprendre que le métier qu'ils vont choisir peut avoir une importance capitale pour le futur, de leur donner envie de faire carrière dans les métiers du développement durable : par exemple, des biologistes marins, des experts en climat, des experts agricoles... Il faut qu'ils se sentent investis d'un rôle dans la mission que nous devons tous mener. »
Une mission d'autant plus cruciale que Madagascar, l'un des rares États à émettre moins de carbone qu'il n'en absorbe, est le quatrième pays au monde le plus exposé au changement climatique.