Ile Maurice: 56 % des sondés souhaitent que des contraceptifs soient donnés aux personnes sexuellement actives

19 Décembre 2024

Cinquante-six pour cent (56 %) des Mauriciens interviewés soutiennent que les contraceptifs devraient être disponibles pour toute personne sexuellement active, quel que soit son âge, selon un sondage réalisé par Afrobarometer. Ce réseau panafricain de recherches, dont l'équipe est dirigée par StraConsult à Maurice, a sondé 1 200 Mauriciens adultes entre les 24 avril et 11 mai derniers. Les questions portaient sur la disponibilité des contraceptifs dans le pays, les justifications ou non de l'interruption volontaire de grossesse selon différents scénarios et la protection contre le harcèlement et les agressions sexuelles par les autorités. Les participants étaient âgés de 18 à plus de 65 ans et provenaient de catégories socioprofessionnelles différentes et de niveaux d'éducation divers.

Selon les résultats de ce sondage, qui ont été publiés lundi, plus de la moitié, soit 56 % du nombre total de Mauriciens interrogés, demandent que les contraceptifs soient disponibles pour toute personne sexuellement active, quel que soit son âge. Les hommes sont également plus favorables que les femmes (59 % contre 52 %) à la mise à disposition de contraceptifs à ces personnes. Les Mauriciens ayant un niveau d'éducation secondaire et supérieur sont également plus favorables à cet accès aux contraceptifs que les interrogés n'ayant pas reçu d'éducation formelle ou n'ayant qu'un niveau d'éducation primaire.

De plus, les résultats indiquent que les jeunes sondés (64 %) sont plus favorables à cette idée que les personnes plus âgées. En effet, seuls 35 % des sondés âgés de plus de 65 ans et 53 % des interrogés de 45 à 54 ans étaient favorables à cette idée. Par ailleurs, les Mauriciens issus de milieux aisés sont plus favorables à la disponibilité des contraceptifs pour toute personne sexuellement active, quel que soit son âge (59 %) que les Mauriciens issus de milieux modestes (51 %).

Si ces résultats témoignent d'une réorientation d'idées en matière de santé sexuelle et de droits reproductifs, ils peuvent également indiquer la nécessité d'une réforme des cadres juridiques car il existe actuellement des incohérences dans la Children's Act de 2020. Ceux-ci posent souvent des dilemmes pour les organisations qui viennent en aide aux enfants. Si un enfant est légalement défini comme étant une personne âgée de moins de 18 ans, selon la Children's Act de 2020, les mineures de plus de 16 ans sont considérées comme aptes à donner leur consentement à une activité sexuelle et, par conséquent, à mener une grossesse à terme.

Cependant, elles sont simultanément considérées comme incapables, par exemple, de consentir au mariage ou de vivre avec un partenaire jusqu'à ce qu'elles atteignent leur majorité (18 ans). «Les jeunes de moins de 16 ans doivent aussi obtenir un consentement parental pour bénéficier des services de contraception. Cela pose un problème pour beaucoup de jeunes qui sont sexuellement actifs pendant leur adolescence mais qui peuvent hésiter à parler à leurs parents de leur activité sexuelle en raison de la stigmatisation qui entoure la sexualité. En même temps, cela crée des dilemmes éthiques et juridiques pour les organisations qui viennent leur offrir des contraceptifs après qu'ils nous aient contactés», fait valoir un membre d'une association qui travaille avec de jeunes adolescents sexuellement actifs.

Près d'un quart des interrogés en faveur de l'IVG en cas de difficultés économiques

57 % des Mauriciens interrogés au cours de cette étude ont également exprimé leur soutien et la justification totale de l'interruption volontaire de grossesse si cette grossesse présente un risque ou un danger pour la santé de la femme comme cela figure déjà dans la loi tandis que 35 % ont estimé qu'il est quelquefois justifié de le faire. 52 % des personnes interrogées ont également avancé la pleine justification de l'interruption volontaire de grossesse si celle-ci est la conséquence d'un viol ou d'un inceste comme c'est aussi le cas dans la loi.

Le sondage révèle également que 24 % des Mauriciens trouvent légitime d'interrompre volontairement une grossesse quand une femme est confrontée à des difficultés économiques et ne peut s'occuper d'un enfant tandis que 36 % la soutiennent dans certaines circonstances. En revanche, 39 % des personnes interrogées estiment que l'interruption volontaire de grossesse n'est jamais justifiée pour toute autre raison (grossesse non désirée).

Nécessité accrue de protection par les autorités

À la question de savoir si la police et la justice de notre pays protègent suffisamment les femmes et les jeunes filles contre la discrimination et le harcèlement à l'école, sur le lieu de travail et dans les espaces publics, 39 % des sondés estiment que cette protection est insuffisante et que beaucoup reste à faire. Et 36 % expriment un point de vue similaire, estimant qu'il faudrait que les autorités en fassent davantage tandis que seuls 22 % des Mauriciens sur 1 200 sondés ont estimé que les autorités font ce qu'il faut.

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