Tunisie: Commémoration du centenaire du mouvement syndical au pays - En hommage au père fondateur Mohamed Ali El Hammi

19 Décembre 2024

Dimanche dernier, la Cgtt a commémoré son centenaire, marquant ainsi l'histoire du mouvement syndical en Tunisie. Et le festival, qui lui est dédié et clôturé le même jour, a évoqué son premier leader, Mohamed Ali El Hammi.

Un siècle déjà, le mouvement syndical national, ses leaders et ses récits restent encore dans les annales. Son père fondateur, Mohamed Ali El Hammi, décédé le 10 mai 1928, soit quatre ans après avoir créé la fameuse Cgtt- Confédération générale tunisienne du travail- forma, alors, son noyau dur, défendant corps et âme les intérêts des ouvriers tunisiens, en faisant de leur cause son cheval de bataille.

Culture d'un syndicat citoyen

Pas plus tard que dimanche dernier, la Cgtt vient de commémorer son centenaire, marquant ainsi l'histoire du mouvement syndical en Tunisie. Et le festival, qui lui est dédié et clôturé le même jour, a évoqué son premier leader, Mohamed Ali El Hammi, l'illustre figure de proue et grand militant syndicaliste. Celui qui montra la voie à ses camarades et successeurs, leur insufflant une énergie nouvelle dans l'esprit et dans l'action.

Ainsi, cette expérience, acquise au fil des ans, aurait dû jeter les bases solides d'une union syndicale porteuse d'un projet sociétal ambitieux, censé être un vrai partenaire à l'édification de la Tunisie moderne.

Après la révolution, la Cgtt a lancé un appel au pluralisme syndical, afin de rompre avec toute forme d'unilatéralisme et d'exclusion. Son secrétaire général, Habib Guiza, avait souligné, dans son discours commémoratif à l'ouverture dudit festival à Douar Hicher (La Manouba), que la diffusion de la culture d'un syndicat citoyen s'inscrit dans le cadre d'une approche prospective de la confédération, visant à assurer un avenir meilleur aux travailleurs, d'une part, et à la Tunisie, d'autre part.

Pour lui, tout ce qui est passé fait partie du passé et nul ne peut le ressusciter.

Et maintenant que les dès sont jetés, la Cgtt cherche à mieux se positionner afin de jouir de ses pleins droits syndicaux. Entre autres droits, celui de négocier, d'agir et de proposer dans le but de servir ses adhérents, mais aussi pour l'intérêt supérieur de son pays. «Nous sommes une force du bien et de proposition réelle...», révélait M. Guiza, lors d'une conférence de presse en 2023, considérant que son syndicat est plutôt un partenaire actif du pouvoir actuel.

Il s'est dit prêt à travailler avec les autres syndicats, dans le cadre de l'Etat de droit et des institutions, suivant le principe du pluralisme syndical tel que fut prôné par le pionnier Mohamed Ali El Hammi.

C'est que cette question demeure, jusque-là, le parent pauvre de tous les débats post-révolution. Allusion faite, ici, à l'hégémonie de l'Ugtt, grande centrale ouvrière et l'unique acteur dans les différentes négociations sociales, où la Cgtt n'a jamais eu sa place. Contrairement au pluralisme politique, celui syndical n'a pas réussi à marquer des points.

Pluralisme syndical, est-ce une solution ?

De ce fait, le pluralisme syndical, à ses dires, est aussi un droit acquis. Il n'est nullement moins important que celui politique, en consécration du libre choix pour les travailleurs d'adhérer à n'importe quelle organisation ouvrière. « Nous ne pouvons plus continuer à opérer avec un seul syndicat en Tunisie, d'autant plus que le mouvement syndical est, aujourd'hui, dans une phase délicate et traverse une période difficile et complexe », plaide M. Guiza. Il voudrait, alors, mettre la main à la pâte et faire partie de la solution et non pas du problème.

Sa confédération syndicale se pose, aujourd'hui, en force d'édification inclusive. Sans exclusion ni division. «Car ce qui nous intéresse, en cette étape cruciale, c'est bien le vivre-ensemble..», réitère-t-il, en signe d'engagement citoyen. En 2023, son syndicat vient de présenter sa propre «Initiative citoyenne pour une Tunisie meilleure». Elle se veut, a-t-il estimé, un projet de société d'avenir. Cependant, ce projet n'a pas été, semble-t-il, suivi d'effet.

Qui n'écoute qu'une cloche n'entend qu'un son, dit-on ! Ceci étant, est-il temps de mettre sur le tapis le pluralisme syndical, dans le dessein de repenser les paradigmes des négociations sociales engagées avec le gouvernement ? En se référant à l'expérience partisane, l'existence de plus d'un syndicat pourrait protéger encore davantage le travailleur tunisien et garantir le droit à l'emploi décent.

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