Le réseau des défenseurs des droits humains en Afrique Centrale Redhac, et Reach Out Cameroon ROC, sont parmi les 5 organisations non gouvernementales menant des activités sur les droits humains et l'humanitaire en zone anglophone, qui ont été suspendues.
Le gouvernement cite des rapports de l'agence nationale d'investigation financière datant de 2021 et de cette année qui indiquent que les 5 ONG suspendues au Cameroun, ont reçu des financements illicites et exorbitants en contradiction avec le profil de leurs activités et sans traçabilité sur l'utilisation desdits financements. « Nous scrutons de près les opérations des ONG parce qu'il a été établi partout dans le monde que la meilleure façon de blanchir de l'argent, c'est de collaborer avec les ONG et les associations, donc le Cameroun ne doit pas rester à la traine donc dès lors que nous avons une information qui est inquiétante, nous devons immédiatement monter au créneau pour mener les investigations et la meilleure façon de mener les investigations c'est d'abord de suspendre et de geler les activités de ces ONG et associations ce qui nous permet maintenant d'entrer dans le fond des choses », précise Paul Atanga Nji, ministre de l'administration territoriale.
D'après le ministre Paul Atanga Nji, les ONG Camerounaises ont reçu 16 milliards de francs CFA de l'étranger en un temps record mais ont consenti des dépenses et investissements de moins de 400 millions de francs CFA. Pour, une organisation de la société civile. « Nous recevons dans le cadre de la promotion des droits humains ce qu'on appelle les subventions qui sont des fonds contrôlés par les pouvoirs publics par contre c'est lorsqu'il s'agit des dons et legs qu'on peut questionner leur provenance », clarifie Cyrille Rolande Bechon, directrice exécutive de Nouveaux droits de l'Homme.
Elle ajoute que le gouvernement semble faire dans l'amalgame puisque, « la question du financement illicite n'est pas une question propre au Cameroun, c'est une question mondiale aucun Etat aucun organisme ne veut être associé au financement du terrorisme, je suis un peu mal à l'aise parce qu'au Cameroun on a l'impression que subitement une banque va accepter de faire transiter les fonds illégaux par sa banque ce n'est pas possible ». Il y'a 4 ans, les autorités camerounaises avaient déjà brandi les menaces de suspension des activités de certaines ONG qui, auraient reçu 5 milliards de FCFA pour produire de faux rapports sur l'armée et le Cameroun.
Philippe Nanga, coordinateur de l'ONG un Monde, un Avenir, dénonce une conspiration de longue date. « Nous subissons la provocation depuis, à un moment donné il va falloir qu'on utilise l'instinct de survie pour nous défendre parce que dans une république, les citoyens disposent de la souveraineté, nous n'allons pas laisser qu'un individu soit-il ministre décide de museler tout un acteur qu'on appelle la société civile », confie-t-il à Voa Afrique. Dans une déclaration qui a déjà obtenu près d'une centaine de signatures, la société civile a dénoncé la suspension des ONG. « Nous lançons un appel global au gouvernement Camerounais de savoir raison gardée, nous demandons la levée de la suspension des organisations des droits de l'homme, qui ont été suspendues pour des raisons que nous jugeons infondées et même fantaisistes », a lancé Hilaire Kamga porte-parole de la plateforme de la société civile pour la démocratie.