Au Ghana, pays qui vient d'élire début décembre son nouveau président, ce sont plus de six personnes sur dix souhaitent quitter leur patrie pour s'installer ailleurs. C'est ce que révèle la toute nouvelle étude de l'institut panafricain Afrobarometer... Un chiffre en nette hausse par rapport à la dernière enquête, principalement motivé par la quête de meilleurs emplois ou simplement fuir la pauvreté, mais pas seulement.
Plus de 20 points en sept ans : voici la hausse, au Ghana, de la part de la population qui souhaite quitter son pays. Chez les 18-35 ans, ils sont même sept sur dix à vouloir s'expatrier... Un taux qui s'explique par des difficultés économiques de plus en plus grandes, selon David Darko, analyste à Afrobarometer Ghana : « Le Ghana est, pour la première fois, en défaut de paiement de sa dette. Nous avons aussi dû faire face à un sévère programme de restructuration de cette dette... Tout cela a eu des conséquences négatives, pas seulement sur l'économie, mais plus généralement sur les opportunités des personnes. »
Sur 24 pays sondés sur le continent, le Ghana se place 4e, derrière le Liberia, la Gambie et le Cap-Vert. Une tendance lourde, et ce n'est pas l'arrivée d'un nouveau président au pouvoir qui risque d'y changer quelque chose, toujours selon David Darko. « Ces problèmes sont endémiques ici : la corruption, le népotisme et plus généralement, la mauvaise gouvernance. Un changement de gouvernement n'est donc pas suffisant. Ce qu'il faut, c'est une révision complète de la structure démocratique de notre pays. Qu'importe le parti politique au pouvoir. »
Un désamour des électeurs envers leur dirigeant qui se mesure notamment par le taux de participation aux élections : en 2024, il n'était que de 60 %, c'est près de 20 points de moins que lors du scrutin de 2020.