Ziguinchor, pourtant région la plus arrosée du pays, fait partie des régions qui ont le plus faible taux d'accès à l'eau potable.
Un paradoxe qui trouve sa justification dans la problématique de l'accès à l'eau potable dans plusieurs localités de la région. Dans plusieurs localités, l'eau potable reste une denrée rare, comme dans les iles où les populations, les pieds dans l'eau, continuent de réclamer de l'eau potable. L'image que présentent les insulaires de la région qui souffrent de l'approvisionnement en eau potable est assez patente. Ces populations de ces îles des département de Bignona et d'Oussouye sont obligées de faire de kilomètre, très loin, pour trouver le liquide précieux .
Dans plusieurs localités de la région de Ziguinchor, l'accès universel à l'eau et à l'assainissement d'ici 2030 reste un simple slogan ou voeux des autorités. Le pari est encore loin d'être atteint. Si dans les zones urbaines la situation est quasi résolue, avec l'approvisionnement en eau potable assuré par la Société des Eaux, dans certaines localités, le pari d'un accès universel est loin d'être atteint. Si ce ne sont pas des ONG qui viennent au chevet des populations, par l'érection de forages, des fois ces dernières se rabattent sur les puits parfois infectés et sources de maladies.
Toutefois la lancinante question des difficultés des branchements sociaux dans des délais inexplicables et l'extension du réseau reste une véritable contrainte pour certaines populations en zone urbaine ; ces dernières qui se contenter des puits ou des forages forés dans les maisons, avec tous les risques et dangers dans la consommation de ces eaux. La plupart des forages ne sont pas mis à niveau.
...LES INSULAIRES, LES PIEDS DANS L'EAU, RECLAMENT DE L'EAU POTABLE
Mais aujourd'hui, s'il y a des populations qui souffrent plus de cette problématique de l'accès à l'eau potable ce sont bien les insulaires de la région de Ziguinchor. L'eau reste encore et toujours une denrée rare dans ces îles de la région où les populations, les pieds dans l'eau, souffrent du manque du liquide précieux. Elles sont à côté de l'eau, mais n'ont pas d'eau pour boire.
Dans les îles Bliss-Kassa, dans le département de Bignona, la situation est beaucoup plus lancinante. Niomoune, Hiitou, Haer, Diogué sont des îles où les populations sont obligées de parcourir des kilomètres pour trouver le liquide précieux. A bord de pirogues et munis de bidons, ces insulaires s'approvisionnent en eau potable dans certaines localités de la terre ferme. Une dure épreuve qui n'a toujours pas trouvé de solution, malgré les nombreuses complaintes des populations et promesses des autorités.
Les îles du Kassa, dans le département de Bignona, ne sont pas également épargnées par ce manque d'eau crucial. A Windaye, Njikine, Karabane, la situation est pratiquement la même que dans les îles précitées. Sur place, ces insulaires profitaient de l'hivernage pour recueillir l'eau de pluie qu'ils conservent. Mais, quelques semaines suffisent, après la fin de la saison des pluies, pour voir tarir toutes ces réserves en eau dans ces îles.
Outre ces îles, d'autres localités de la région de Ziguinchor restent confrontées à ce manque d'eau potable. L'exemple le plus patent demeure la situation au Capskiring, une station balnéaire, où il a fallu des «émeutes de l'eau» pour que la lancinante question du manque d'eau potable resurgisse. Si les sites hôteliers s'approvisionnent par les forages, dans le village du Capskiring, les populations ont recours aux puits, avec tous les risques de maladies, du péril fécal. Il a fallu des émeutes pour que les branchements pour l'adduction d'eau démarrent dans cette cité balnéaire qui avait été secoué par des tensions estampillées «les émeutes de l'eau».
Autre difficulté qui s'adjoint à ce manque d'eau potable, c'est la gestion de cette eau dans certaines localités. La volonté de dessaisir les Comités de la gestion des forages pour les confier à une autre société suscite des grincements de dents chez les populations de certains villages comme Tendouck, dans le département de Bignona.
Les populations s'étaient d'ailleurs signalées, pour leur désapprobation de voir leur comité perdre la gestion de du forage. Pour elles, le prix au mètre-cube revient plus cher avec la nouvelle société préposée à la gestion de l'eau. «Inadmissible et inacceptable...», avait alors pesté ces populations qui, rappelons-le, avaient même organisé une marche en son temps pour décrier une telle situation.
Les populations qui s'expliquent difficilement une telle décision de l'Etat. Certaines ONG essaient de transcender cette difficulté d'eau potable, dans la région ; mais le passif est tellement grand. La région pourtant bien arrosée manque d'eau potable à plusieurs endroits ; un véritable paradoxe.