La deuxième journée de la 5e session ordinaire du CTS n°8 de l'Union africaine s'est déroulée, hier, à un rythme effréné. Les réunions d'experts des trois sous-comités ont permis de débattre des enjeux majeurs liés à la décentralisation, à l'urbanisation et à la fonction publique sur le continent africain. Des recommandations ont été synthétisées dans un rapport qui a, ensuite, été adopté en séance plénière. Aujourd'hui, le Chef du gouvernement, Kamel Maddouri, préside la réunion des ministres au cours de laquelle le comité technique devrait adopter la Déclaration n°8 de Tunis.
Les travaux de la 5e session ordinaire du CTS n°8 de l'Union africaine se sont poursuivis, hier, pour la deuxième journée consécutive à Tunis. Trois sous-comités ont, en effet, tenu des réunions dites d"'experts" qui se sont déroulées sur deux jours et qui ont porté sur trois grandes thématiques, à savoir la fonction publique et l'administration; la décentralisation et les gouvernements locaux; les établissements humains et le développement urbain. "Ces thèmes paraissent assez disparates, mais en réalité ils sont très liés parce qu'on ne peut pas parler de développement urbain, c'est-à-dire de l'extension des villes, sans parler de décentralisation, de centralisation ou de collectivités locales qui gèrent le quotidien des gens. Et tous ces enjeux-là, ne peuvent être gérés qu'avec une bonne administration", a souligné Noureddine Slim, ingénieur général chargé de mission au cabinet de la ministre de l'Equipement et de l'Habitat. En effet, lors de ces réunions, il était question de débattre du plan d'action des divers sous-comités pour la période à venir mais aussi de proposer les recommandations à adopter.
Des enjeux communs
Au sein du sous-comité du développement urbain et des établissements humains, les membres ont traité des enjeux de la mise en oeuvre à l'échelle des pays africains de l'Agenda Afrique 2063, avec un accent particulier sur les volets liés au développement durable et aux villes intelligentes. Cela inclut également les outils de financement de l'urbanisation durable et des mécanismes permettant d'exploiter le développement urbain comme levier pour accélérer la prospérité en Afrique. En outre, les représentants des pays membres ont débattu des recommandations qui ont été formulées à l'issue du Forum urbain africain sur l'urbanisation durable organisé au mois de septembre dernier à Addis-Abeba, en Ethiopie.
Ils ont également établi les termes de référence pour les pays souhaitant accueillir ce forum qui se tient tous les deux ans. Par ailleurs, une réflexion sur l'instauration de la semaine urbaine africaine qui sera célébrée chaque année à l'échelle du continent a été également engagée. "Toutes les recommandations devront être débattues et adoptées lors de la séance plénière", a-t-il affirmé. Slim a ajouté que l'expérience tunisienne en matière d'urbanisation peut être présentée lors du Forum urbain africain. Selon lui, la Tunisie, grâce à ses nombreux bureaux d'études, ses ingénieurs et ses urbanistes, est pionnière en la matière. "La Tunisie est dotée d'une réglementation relative à l'urbanisme qui date de 1929. Avec le développement des enjeux d'urbanisation, les autorités ont instauré le fameux Code de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme en 1994. Aujourd'hui, il est en cours de révision", a-t-il indiqué.
Promouvoir la décentralisation à travers le continent
Quant au sous-comité de la décentralisation et des gouvernements locaux, il s'est penché sur les moyens de promouvoir la décentralisation sur le continent avec un accent mis sur l'importance de l'appropriation de la question du développement local par les citoyens. Selon Kevint Tchatcho, fonctionnaire de l'Union africaine au département des affaires politiques, paix et sécurité, les membres du sous-comité ont pu développer un plan de travail pour les deux années à venir. Ce plan vise, en effet, à appuyer les États dans différents secteurs. L'introduction d'un prix baptisé Prix africain d'excellence sur la décentralisation était également à l'ordre du jour.
Conçu, en collaboration avec l'Observatoire international de la démocratie participative pour la région africain, ce prix a pour objectif de promouvoir les bonnes pratiques en matière de décentralisation mais aussi de valoriser les innovations et les expériences inspirantes dans ce domaine, à travers tout le continent africain. Il devrait s'adresser à l'ensemble des collectivités locales, des universités et laboratoires de recherche mais aussi aux médias et aux jeunes.
"Ce prix va être remis aux acteurs qui apportent un point positif dans la décentralisation dans les différents pays", a affirmé Tachtcho, soulignant que les membres ont proposé son inauguration en 2026. Par ailleurs, ce même sous-comité a débattu des moyens de mobiliser davantage de ressources financières pour faire progresser la mise en oeuvre de l'agenda de la décentralisation sur le continent. Lors de la réunion, les membres ont relancé l'appel aux États africains qui n'ont pas encore signé et ratifié la charte africaine de décentralisation. Actuellement, seulement 8 pays ont ratifié cette charte, un nombre insuffisant pour que le traité entre en force. Enfin, les participants ont débattu du statut du Conseil supérieur des collectivités locales africaines, un organe de l'Union africaine dont le comité appelle au renouvellement.
Il est à rappeler que Tunis accueille du 18 au 20 décembre la 5e session ordinaire du Comité technique spécialisé de l'Union africaine sur la Fonction publique, les collectivités locales, le développement urbain et la décentralisation (CTS n°8 -UA). L'événement sera clôturé aujourd'hui, avec l'adoption de la Déclaration de Tunis et l'élection du nouveau bureau du comité technique.