Congo-Kinshasa: Glencore - A qui iront les 150 millions d'USD de pénalité ?

20 Décembre 2024

En RDC, des militants continuent à réclamer le transfert depuis la Suisse de la pénalité à laquelle Glencore a été condamnée pour corruption.

En RDC, les mouvements citoyens membres de la coalition "Le Congo n'est pas à vendre" ont organisé ce vendredi (20.12) un rassemblement devant l'ambassade de Suisse à Kinshasa. L'objectif de cette mobilisation a été d'inviter le gouvernement suisse à tranférer en RDC les 150 millions de dollars que Glencore, le géant minier, a été condamné à verser par la justice suisse à titre de réparation pour son implication dans des pratiques de corruption dans le pays.

Ainsi, une cinquantaine de militants des mouvements citoyens membres de "Le Congo n'est pas à vendre" se sont rassemblés munis de de pancartes réclamant "la richesse de la RDC pour le peuple, pas pour les comptes suisses". Pour eux, les 150 millions de dollars américains ne doivent pas rester sur des comptes bancaires étrangers.

La réaction de l'ambassadeur suisse en RDC

"Nous sommes venus adresser un message au gouvernement suisse pour qu'il puisse rapatrier nos 150 millions de dollars américains versés par Glencore au titre de compensations suite à ses activités de corruption menées au travers de ses filiales", estime Lewis Yola, membre de la coalition "Le Congo n'est pas à vendre".

En réponse aux manifestants, l'ambassadeur de Suisse à Kinshasa a dit avoir pris bonne note de leurs revendications. Il leur a cependant indiqué que la Suisse se trouve confrontée à des difficultés pour rapatrier cet argent, car la RDC n'a pas souhaité coopérer directement avec les autorités suisses. Il a également rappelé que l'entreprise Glencore avait déjà réglé une amende auprès des autorités congolaises.

"Nous n'avons pas de base légale en Suisse pour restituer de l'argent, mais il ne faut pas pas oublier que l'entreprise Glencore et les autorités congolaises se sont mises d'accord et un montant de 180 millions de dollars a été payé. Je ne sais pas où est-ce que cet argent est allé, c'est peut-être aussi une question qu'il faut se poser en tant que citoyen", soutient l'ambassadeur suisse. En 2022, Glencore avait accepté de verser 180 millions de dollars à la RDC dans le cadre d'un accord.

La responsabilité de l'Etat congolais

Kambale, militant de la Lucha, estime que tout cet argent pourrait contribuer à améliorer la vie des Congolais.

Pour lui, ce argent "peut contribuer aux aides humanitaires, pour que les Congolais soient bénéficiaires. Cela peut aider les victimes des guerres à l'est de la RDC et même les démunis ici à Kinshasa".

Au-delà de la responsabilité de la Suisse, les activistes soulignent également la part de responsabilité du gouvernement congolais. En signant un accord avec une entreprise impliquée dans des pratiques de corruption, le gouvernement a, selon eux, compromis les intérêts du peuple congolais.

Pour rappel, la justice suisse avait condamné en août dernier Glencore pour n' avoir pas empêché des versements de pots-de-vin autour de l'acquisition de droits miniers en République démocratique du Congo. Dans cette affaire, un nom revient sans cesse, celui du magnat israélien Dan Gertler. C'est lui qui avait servi d'intermédiaire dans la conclusion d'accords miniers entre Glencore et l'État congolais. Il a même été condamné par les États-Unis, pour son rôle en tant qu'intermédiaire de la corruption en RDC.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.