En Tunisie, le syndicat des journalistes et près d'une quarantaine de parlementaires poussent pour l'amendement du décret-loi 54 promulgué en 2022 par le président Kaïs Saïed. Selon les défenseurs des droits humains, ce décret relatif à la lutte contre la désinformation sur les réseaux sociaux ou la cybercriminalité est en fait fréquemment utilisé pour arrêter et emprisonner des journalistes, opposants politiques ou même des internautes ayant fait un post Facebook.
Le décret-loi 54 prévoit une amende d'environ 15 000 euros et une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison pour quiconque publie une fausse nouvelle ou une rumeur. Près d'une quinzaine de journalistes font l'objet de poursuites judiciaires sur la base de ce texte, au moins quatre ont été arrêtés et emprisonnés. Des internautes sont également ciblés.
Mohamed Ali, député et rapporteur de la commission droit et libertés au Parlement de Tunisie, plaide en faveur de l'amendement du décret-loi : « C'est un décret qui malheureusement va à l'encontre des droits des citoyens, qui entrave leurs droits politiques, économiques et sociaux et leur liberté d'expression. C'est pour cela que nous nous sommes regroupés avec quarante députés pour soumettre une initiative d'un nouveau projet de loi autour de ce décret. Je pense qu'en faisant cela, nous ne sommes pas en décalage avec la réalité du pays, nous ne sommes pas les seuls à être favorable à la révision de ce texte. »
Pour Zied Dabbar, président du syndicat des journalistes, le soutien des députés est un pas en avant, car cela fait deux ans que les journalistes et défenseurs des droits humains se mobilisent, mais certains obstacles persistent : « En première phase il y avait une dizaine de députés, aujourd'hui, il y a presque 57 signatures pour déposer cette initiative sauf que le Président du Parlement rejette toujours cette idée. On ne sait pas pourquoi. »
Et selon la constitution tunisienne de 2022, le pouvoir du Parlement reste très restreint face à celui de l'exécutif.