Au Tchad, la formation d'opposition Parti socialiste sans frontières annonce la libération de 24 de ses militants détenus depuis la fin du mois de février. Ils avaient été arrêtés lors des évènements ayant conduit à la mort du chef du parti, Yaya Dillo, dans des circonstances controversées. Les autorités avaient évoqué un échange de tirs avec les forces de sécurité au siège du PSF, mais le parti de l'opposant dénonce toujours un « assassinat ». Ces militants, dont la plupart avaient été acquittés par la justice début juillet, étaient détenus au bagne isolé de Koro Toro.
Le Parti socialiste sans frontières (PSF) confirme que ces 24 personnes ont retrouvé leurs proches, jeudi 19 décembre, dans l'après-midi.
Ils sont, pour la plupart, membres de la famille élargie deYaya Dillo. Ils avaient été arrêtés soit dans la nuit du 27 au 28 février lors d'un rassemblement devant le siège des services de renseignement, soit le 28 lors de l'assaut donné contre le siège du PSF qui a coûté la vie à l'opposant.
Les militants avaient ensuite été emmenés à la prison de Koro Toro, en plein désert, à 600 km de Ndjamena, où les conditions d'incarcération sont régulièrement dénoncées comme inhumaines par les défenseurs des droits humains. Les libérés sont d'ailleurs « très affaiblis », selon un cadre du PSF.
Les intimidations continuent envers le PSF
Début juillet, un procès avait été organisé dans l'enceinte du bagne. Quinze personnes avaient été acquittées, quatre condamnées à dix ans de prison ferme et six autres dossiers renvoyés au tribunal pour mineurs. Toutefois, les acquittés n'avaient jamais été libérés, à l'exception de Saleh Deby, l'oncle du chef de l'État, déjà élargi et de nouveau installé au Maroc.
Ces libérations pourraient être un acte de décrispation, au moment où le président Mahamat Idriss Déby organise ce samedi 21 décembre une cérémonie marquant son élévation à la dignité de Maréchal.
Mais le PSF souligne que les intimidations continuent. Si son secrétaire aux finances, Abakar Tourabi, a été libéré le 21 novembre après neuf mois de détention par les services secrets, les mêmes services gardent au secret le secrétaire général du parti, Robert Gam, depuis fin septembre.
Le chargé de communication Evariste Gabnon vit, pour sa part, caché depuis dix jours et une tentative d'enlèvement. Il venait d'annoncer le boycott des législatives du 27 décembre et de dénoncer l'utilisation frauduleuse du nom et du logo du parti par certains candidats, selon lui, sponsorisés par le pouvoir.
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