Au Mali, la Maison de la presse, organisation professionnelle faîtière des journalistes du pays, a annoncé samedi soir 21 décembre privilégier la négociation pour obtenir le rétablissement de Joliba TV. Coupée depuis le 26 novembre, la chaîne a vu sa sanction révisée à la baisse mardi dernier : rétablissement de la licence, mais suspension pour six mois. Cette sanction fait suite à la diffusion d'un débat au cours duquel la véracité d'un supposé coup d'État déjoué au Burkina avait été mise en doute. La profession reste donc mobilisée derrière Joliba TV, mais favorise la stratégie du dialogue.
« Nous avons décidé de jouer l'apaisement compte tenu de la complexité de la situation et de la fragilité du pays », décrypte un dirigeant de la Maison de la presse, qui précise que la décision a été prise « à l'unanimité. » Lors de cette réunion exceptionnelle, ce samedi, la totalité des organisations de journalistes du Mali étaient représentés. La direction de Joliba TV était également dans la salle.
Éminemment politique
Certains envisageaient pourtant une mobilisation plus forte. « On ne négocie pas sur les principes, déplore un cadre déçu de Joliba TV, cela conforte la Haute autorité de la communication dans son projet de démolition des médias au Mali. »
Au début de l'affaire, le mois dernier, la Maison de la presse avait immédiatement menacé d'appeler tous les médias du pays à rediffuser l'émission qui avait valu à Joliba TV d'être sanctionnée, avant d'entamer de discrètes discussions avec la HAC. « Il faut savoir mener le combat avec intelligence », commente un autre journaliste phare de Joliba TV, qui ne cache pas des « divergences » et des « inquiétudes », mais martèle surtout que le combat « dépasse largement les murs de Joliba » : « l'enjeu est collectif et la détermination reste intacte, pour la survie des libertés et des principes démocratiques. »
Les représentants des journalistes du pays, vent debout contre ce qu'ils considèrent comme une « atteinte au pluralisme des médias et à la liberté d'expression », savent que ce dossier éminemment politique dépasse le strict cadre de la HAC -dont le bureau est d'ailleurs partagé sur le cas de Joliba TV- et jugent que poursuivre les négociations avec l'autorité de régulation sera plus efficace -du moins à ce stade- que d'entrer dans un mouvement de protestation plus musclé.
Suspension inacceptable
Une stratégie qui a déjà contraint la HAC à reculer et à rendre sa licence à Joliba TV, même si le maintien d'une suspension de six moisdemeure inacceptable, pour la chaîne comme pour l'ensemble de la profession. La Maison de la presse invite toute la profession à rester mobilisée. D'autres actions ne sont donc pas exclues, si les négociations ne permettaient pas d'obtenir le rétablissement pur et simple de Joliba TV.
Quant à l'auteur des propos qui ont valu à la chaîne d'être sanctionnée, la figure politico-médiatiqueIssa Kaou N'Djim, il est en prison depuis plus d'un mois et sera jugé ce lundi pour « offense commise publiquement envers un chef d'État étranger » et « injures par le biais de systèmes d'information. »