Lors d'une réunion au Conseil de sécurité des Nations Unies vendredi, le Représentant spécial pour l'Afrique de l'Ouest, Leonardo Santos Simão, a tiré la sonnette d'alarme sur l'aggravation de l'insécurité dans la région. La menace croissante du terrorisme et de l'extrémisme violent constitue le défi le plus urgent, a-t-il déclaré.
Les groupes terroristes, de plus en plus agressifs et équipés de drones et d'armes avancées, continuent de mener des attaques meurtrières, notamment dans le Sahel central, causant des pertes humaines parmi les civils et les forces de sécurité.
M. Simão a également décrit une crise humanitaire alarmante, affectant des pays comme le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Nigeria, où les déplacements massifs de populations se multiplient. Malgré ces défis, les appels humanitaires internationaux pour ces régions restent sous-financés à moins de 50 %, laissant des millions de personnes vulnérables.
Parmi les conséquences les plus préoccupantes, plus de 8 200 écoles ont été fermées à cause de l'insécurité, privant des millions d'enfants de leur droit à l'éducation.
« Le droit à l'éducation est essentiel pour la paix et la sécurité. L'absence d'opportunités éducatives perpétue les cycles d'instabilité et vole l'avenir des enfants », a déclaré M. Simão.
Levinia Addae-Mensah, directrice exécutive du Réseau ouest-africain pour la consolidation de la paix (WANEP), a mis en avant les initiatives de paix régionale, citant notamment le Conseil national de paix du Ghana, la Commission indépendante pour la paix de la Sierra Leone et le Comité national de paix du Nigeria. Ces structures, selon elle, peuvent renforcer la résilience des communautés face à l'insécurité.
L'Ambassadeur de la Sierra Leone à l'ONU, Michael Imaran Kanu, a souligné le rôle crucial de la Force multinationale mixte dans la lutte contre les groupes terroristes dans le bassin du lac Tchad. Il a également mis en avant le potentiel de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) pour contrer les menaces transfrontalières, notamment la radicalisation des jeunes.
La représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield, a, quant à elle, alerté sur l'ampleur de l'insécurité alimentaire et des déplacements. Elle a indiqué que 33 millions de personnes dans la région sont confrontées à l'insécurité alimentaire, tandis que les chiffres de déplacement explosent.
« Les États-Unis ont fourni plus de 6,7 milliards de dollars d'aide humanitaire en 2024, mais ce n'est pas suffisant. Nous avons besoin de plus d'efforts collectifs de la part de la communauté internationale », a-t-elle affirmé.
Les représentants de la France et de la Russie ont également exprimé leurs inquiétudes et leurs engagements pour soutenir la région. Le représentant russe, Anna Evstigneeva, a salué les progrès dans la coopération régionale, notamment les récentes initiatives en faveur de la libre circulation et du commerce.
De son côté, le représentant français, Jay Dharmadhikari, a qualifié la situation sécuritaire de "sans précédent", citant l'augmentation des attaques terroristes par des branches locales d'Al-Qaïda et de l'État islamique, ainsi que les violences intercommunautaires.
Avec un appel unanime à intensifier les efforts pour répondre à cette crise multidimensionnelle, la réunion du Conseil de sécurité souligne la nécessité d'une coopération accrue entre les gouvernements, les organisations régionales et la communauté internationale.
Le Sahel et l'Afrique de l'Ouest font face à une convergence de crises sécuritaires, humanitaires et éducatives, qui exigent des réponses globales, inclusives et rapides pour préserver la stabilité et construire un avenir durable pour la région.