Madagascar: Après les conflits armés, la guerre contre la famine

Le premier Européen qui aurait visité Antananarivo, le Français Mayeur envoyé par Benyowski, arrive dans la ville en 1777. À cette occasion, il écrit : « Les Européens qui fréquentent les côtes de Madagascar, auront de la peine à croire qu'au centre de l'île, à trente lieues de la mer, dans un pays jusqu'à présent inconnu qu'entourent des peuplades brutes et sauvages, il y a plus de lumière, plus d'industrie, une police plus active que sur les côtes... Aucune peuplade de Madagascar n'a autant d'intelligence naturelle, ni autant d'aptitude au travail... »

Quatre-vingt-dix ans après la division en quatre du royaume par le grand monarque Andriamasi-navalona, Antananarivo retrouve son unité et son rôle de premier plan. En 1787, la principauté d'Ambohimanga échoit au jeune Ramboasalama, « le chien vigoureux », que force prédictions annoncent comme un grand roi. Sachant qu'il porte « la bénédiction heureuse de ses ancêtres », il entreprend d'imposer son autorité en vue d'unifier l'Emyrne.

Doué « d'une intelligence supérieure au service d'une active énergie » (Urbain-Faurec), équitable et bienfaisant à l'égard de son peuple, Andrianampoini-merina, le-seigneur-au-coeur-de-l'Imerina entreprend la conquête de la cité des Mille. N'y ayant pas réussi par le moyen pacifique d'un mariage avec la fille du souverain rival, il fait donner l'assaut à la ville.

Antananarivo n'est prise qu'en 1794, à la troisième tentative. Le succès de l'assaut final aurait amené le roi à prononcer ces paroles de sage politique : « Ne pillez que les poulets ; le royaume est à moi et tous les Merina sont mes enfants. » Il renoue ainsi avec la tradition d'unité et de grandeur du royaume merina léguée par l'ancêtre Andrianjaka à ses successeurs. « Le Rova royal est au centre d'Antananarivo ; Antananarivo est au centre de l'Emyrne ; il faut que l'Emyrne devienne le centre d'un royaume immense qui n'aurait de limite que la mer. »

La restauration de la monarchie date de la prise d'Antananarivo dont la deuxième fondation, par Andrianampoinimerina, marque la fin des luttes intestines avec le rétablissement de l'unité des Hautes-Terres. Tous les groupes ethniques et clans sont soumis et les fiefs annexés.

La guerre est alors portée en pays étranger jusqu'à ce que la paix soit solidement assise. Alors le grand roi, « illettré mais génial », répète dans ses nombreux « kabary », son programme qui ramène son peuple à la terre et se résume en lutte contre la famine.

« Les guerres sont finies, le pays est pacifié... et d'ailleurs, tant qu'il y aura des hommes dans mon royaume, je ne crains aucun être vivant... Mon seul ennemi, c'est la famine et celui qui ne travaille point, pactise avec l'ennemi et lui ouvre les portes du pays...»

Ou encore : « Plantez du riz et mettez beaucoup de fumier ; plantez aussi du manioc, des patates, du maïs... Les racines du manioc sont les colonnes de mon empire, ce sont mes soldats dans la bataille contre la famine... »

Sinon : « Si un homme veut changer de champ, c'est un prétexte pour ne rien faire ; tous les champs de mon royaume se valent ; les Merina sont des oeufs qui ne doivent pas changer de couveuse... »

Andrianampoinimerina institue alors une organisation toute militaire de l'agriculture qui affermit sa domination. Il installe dans la ville mille soldats recrutés dans les principaux clans du Nord de l'Imerina : les Tsimaha-fotsy qui-ne-méprisent-pas d'Ambohimanga, les Tsimiamboholahy qui-ne-tournent-pas-le-dos d'Ilafy, et les Mandiavato qui-marchent-sur-les-pierres d'Ambohidrabiby. Il les groupe sous le nom de Voromahery, les Faucons.

Cinq postes de surveillance de cent hommes serviront de bastions avancés à la ville. Et pour subvenir aux besoins d'une population considérablement accrue par cet afflux de colons, le roi reprend les travaux de mise en valeur de la plaine de Betsimitatatra délaissée par les luttes civiles.

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