C'est à prendre ou à laisser. Visiblement, on doit choisir entre un déluge et un chaudron. Un choix cornélien étant donné que ni l'un ni l'autre ne convient à la situation dans laquelle le pays est plongé.
Mais on a, semblerait-il, penché vers le chaudron, sans l'avoir préféré. Dame nature s'est chargée de régler notre sort quand elle a vu qu'on hésitait entre l'abstention et le vote blanc. Comme le déluge a été accordé à Mayotte, qui en était sevrée depuis presque un siècle, vivant un enfer sans précédent, il nous restait le chaudron, devenu un moindre mal. On revit une époque où il fallait faire le choix entre le Sida et le choléra dans une élection présidentielle. Comme on le voit, on est loin d'être sorti de l'auberge et le sort s'acharne particulièrement sur nous.
Depuis quelques semaines, une chaleur particulièrement coriace sévit presque dans toute l'île. L'atmosphère est lourde et sèche. La Jirama semble également avoir coupé l'air. Une chaleur suffocante telle qu'un drap ne sert plus, la nuit, qu'à se protéger des moustiques, dont la chaleur est un terreau pour renforcer leurs armées de sangsues. Le sommeil devient un supplice quand on est soumis à le passer dans un sauna sans le vouloir. Eh oui, pour bien dormir, il faut respecter les conditions normales de température et de pression.
Si cette vague de chaleur n'aboutit pas à une situation apocalyptique comme à Mayotte, réduite en lambeaux et défigurée par ce diable de Chido, il faut dire qu'à la longue, elle pourrait avoir des conséquences dramatiques pour la population. Déjà, la production risque fort d'être hypothéquée. Une mauvaise récolte signifie pénurie et hausse des prix. Beaucoup de personnes ne pourraient pas supporter cette forte chaleur si elle perdure, de même que les enfants et les bébés. L'histoire a montré qu'une vague de chaleur peut causer une hécatombe, comme c'était le cas aux États-Unis, en Australie ou en Europe. Elle offre également un terrain propice aux incendies de forêt.
Comme la chaleur dérive de la sécheresse, on est pris dans un engrenage infernal, un inextricable cercle vicieux. L'eau manque alors qu'elle est l'antidote de la chaleur. Ailleurs, dans un cas pareil, les jets d'eau dans les jardins publics et les piscines municipales offrent un salut à la population. Ici, il n'y a pas assez de jets d'eau, sauf à Analakely et à Ambohitsorohitra, et ils ne marchent pas tout le temps, faute d'eau.
On croise les doigts pour qu'il pleuve, en comptant sur la magie de Noël, tout en espérant que le père Noël ne vienne pas avec un ouragan ou un typhon dans son hotte. Même lui se trouve face à un dilemme pour le jouet qu'il va nous offrir dans une situation alambiquée.