La chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance (TGI) de Dédougou, délocalisée à Bobo-Dioulasso, a livré son verdict sur les faits délictuels relatifs aux manifestations à Solenzo, province des Banwa, dans la nuit ,du vendredi 20 au samedi 21 décembre 2024. Les peines vont de la relaxe à l'emprisonnement de 12 à 36 mois assortis de sursis ou ferme et des amendes. Pour raison de démence, un des prévenus a été jugé pénalement irresponsable.
La chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance (TGI) de Dédougou, délocalisée à Bobo-Dioulasso, a rendu son verdict, tard dans la nuit du vendredi 20 au samedi 21 décembre, aux environs de 00 heure à la suite suite des manifestations à Solenzo. De jour comme de nuit, pendant 48 heures, les 25 prévenus comparants, les 15 témoins, les victimes et les ayants droit, à tour de rôle, sont passés devant les juges pour donner leur version des faits. La majorité des prévenus ont nié les faits de manifestations illicites et d'actes de vandalisme qui leur sont reprochés avant de se rétracter après les tractations avec les hommes en toge.
« Le jour de la marche, je suis venu de Bèna pour mon commerce d'effets d'habillement au grand marché de Solenzo. Mais arrivé, j'ai constaté que le marché a été fermé pour cause de manifestations. Je ne connais d'ailleurs pas le domicile du chef de canton », a déclaré Madi Traoré avant de revenir sur ses propos à la suite des débats avec les juges et le parquet. C'est la même attitude adoptée par Souleymane Sawadogo qui a dit sortir ce jour chercher des produits chez un tradipraticien pour sa femme qui ne se sentait pas. Après avoir absenté le soignant, il a croisé un ami qui l'a invité d'aller présenter les civilités à un autre ami marié.
« C'est au domicile du marié, aux environs de 11 heures, que nous avons entendu les coups de feu. Je n'ai même pas vu les marcheurs », a-t-il dit aux juges. Confondu à ses déclarations à l'enquête préliminaire, Souleymane Sawadogo passe aux aveux et demande pardon au tribunal pour l'acte posé. En attendant le procès sur les faits de crime du chef de canton de Solenzo dans ce même dossier scindé en deux, les juges ont déclaré à l'issue des débats contradictoires Boureima de Seydou Ouédraogo, non-comparant, pénalement irresponsable pour cause de démence. Onze des 26 prévenus ont été relaxés pour infraction non constituée.
Deux femmes impliquées dans les faits
Pour avoir été coupable d'incitation à la commission des faits de manifestation illicite et d'actes de vandalisme, Alimata Bouda, l'une des deux femmes impliquées dans ces faits, a écopé la peine d'emprisonnement de 24 mois et d'une amende de 300 000 F CFA avec sursis. Coupables également d'incitation des faits de manifestation et d'actes de vandalisme, Yaya Gnamati, Amza Konkobo, et David Coulibaly sont condamnés chacun à 24 mois de tôle, dont trois ferme, et à une amende de 300 000 F CFA ferme. Salifou Sawadogo, François Sawadogo, Souleymane Sawadogo, Moumouni Sawadogo, Rahim Guiré, Madi Traoré, Bouriema de Issaka Ouédraogo, et Alassane Ouédraogo, bénéficient individuellement d'un bail de 24 mois dont six ferme à la maison d'arrêt de correction de Bobo-Dioulasso, et d'une amende ferme de 300 000 F CFA.
Enfin, le tribunal a infligé 24 mois de prison dont douze ferme et 300 000 F CFA d'amende ferme à Abdoulaye Sayaogo, à Ousmane Ouédraogo, et à Mahamoudou Ouédraogo pour leur participation à cette manifestation illicite et d'actes de vandalisme, le 25 novembre dernier à Solenzo. Recevant Dibissant Kienou et les ayants droit de feu Dibissan Coulibaly représentés par Sétou Coulibaly et Hervé Coulibaly, en constitution de partie civile, le tribunal a réservé les intérêts civils à l'audience criminelle de ce dossier.
Pour le procureur du Faso près le TGI de Dédougou, le droit a été dit même s'il a déploré l'attitude des prévenus qui ont tenté de nier les faits à l'audience. « Au début, les faits ont été carrément niés, mais en fin de compte nous nous en sommes sortis avec des peines correctionnelles comme le procès a porté sur des délits, notamment la manifestation illicite et les actes de vandalisme », a fait savoir le procureur du Faso.
Pour les faits de mort du chef de canton et de dégradation aggravés, qui sont des faits criminels pendants devant le juge d'instruction, un procès sera tenu pour statuer sur le sort des personnes impliquées. « Nous travaillons à ce que dans des meilleurs délais nous puissions organiser le procès sur ces crimes pour apporter plus de clarification et pour désamorcer la décrispation parce qu'actuellement les gens ont gros sur le coeur une fois la phase d'instruction obligatoire terminée », a expliqué Lamoussa Héma.