Samedi 21 décembre 2024, contrairement à ce qui avait été annoncé la veille, le site de la commission électorale a affiché des résultats en faveur de Tojo Ravalomanana, fils de l'ancien président Marc Ravalomanana et principal candidat d'opposition à la mairie d'Antananarivo. Vendredi, lors d'une cérémonie officielle, la Céni avait pourtant proclamé la victoire provisoire de sa concurrente directe Harilala Ramanantsoa, la candidate du régime. La Céni dénonce un piratage de son serveur fait pour manipuler la voix du peuple.
Samedi soir, vers 19 heures, la publication est venue perturber la sérénité du camp présidentiel, dont la candidate avait été donnée la veille confortablement en tête (43% des voix) à Antananarivo. Sur un document issu du site officiel de la Céni, relayé massivement en ligne, l'opposant Tojo Ravalomanana apparaît finalement gagnant avec plus de 42% des voix contre 37% pour sa concurrente Harilala Ramanantsoa.
Il a fallu moins d'une heure à la Céni pour supprimer le document puis dénoncer dans la foulée un piratage de son serveur fait pour « manipuler le choix du peuple ». Soava Andriamarotafika, son rapporteur général. « C'est une volonté de déstabilisation car on sait qu'Antananarivo est un lieu stratégique sur le plan politique à Madagascar. Une enquête déterminera les responsables. Nous rassurons le peuple malgache que l'élection est régulière et que la décision des urnes est conforme à ce que nous avons publié vendredi. La vérité donne la victoire à Harilala Ramanantsoa, candidate de la coalition présidentielle, dans la capitale. »
Depuis l'ouverture d'une enquête sur l'affaire, Jean-Luce Randriamihoatra, un technicien informatique du TIM, le parti de Tojo Ravalomanana, a été arrêté dimanche matin vers 11 heures. Hier soir, il était retenu au service de cybercriminalité de la gendarmerie du Toby Ratsimandrava à Antananarivo pour « publication mensongère » indique à RFI le directeur de la police judiciaire de la gendarmerie. Il avait publié sur Facebook les résultats en faveur de l'opposant.
Pour le chef de l'opposition parlementaire Siteny Randrianasoloniaiko, cette situation ne fait que prouver l'irrégularité du processus électoral : « C'est une farce de parler d'un piratage ! La vérité est juste apparue soudainement samedi et ils veulent le cacher. Toutes les fraudes que nous avons vues, la Céni en est complice ! »
L'accès au site de la Céni a été suspendu alors que la publication des résultats provisoires pour les autres provinces de l'île se poursuit cette semaine. L'affaire devrait renforcer la démarche entreprise par l'opposition, dont plusieurs figures ont d'ores et déjà saisi les tribunaux administratifs, chargés de statuer sur les dénonciations d'irrégularités de ce scrutin.