Madagascar: Résultats contradictoires - La CENI parle de «piratage informatique»

Samedi, en milieu d'après-midi, une autre version contradictoire des résultats provisoires des municipales à Antananarivo, a été publiée sur le site web de la Ceni. Pour expliquer ce fait, la Commission électorale parle de «piratage informatique».

Une stupeur générale. C'est ce qu'a entraîné un changement constaté sur le site web de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), samedi, en milieu d'après-midi.

Les résultats provisoires des élections municipales pour la commune urbaine d'Antananarivo (CUA), affichés sur la page de la Ceni, en cet après-midi de samedi, ont été contraires à ceux lus publiquement, vendredi. En réponse aux multiples interrogations, la Ceni a publié une déclaration sur sa page Facebook, samedi, en milieu de soirée. Elle y avance «le piratage informatique», comme explications.

«Un intrus a eu accès au site web de la Ceni et a modifié uniquement les résultats provisoires pour la commune urbaine d'Antananarivo. En conséquence, il a été décidé de suspendre le site web de la Ceni puisqu'il a bel et bien été constaté qu'un individu inconnu y a eu accès et il a bel et bien été constaté que les résultats pour Antananarivo ont été modifiés», a affirmé Tseheno Rakotondrasoa, secrétaire exécutif de la Ceni, dans une édition spéciale du journal de la télévision publique, TVM, samedi soir.

Le secrétaire exécutif de la Ceni ajoute que les services de lutte contre la cybercriminalité ont été saisis de l'affaire. Quoi qu'il en soit, cet épisode ravive les débats sur «la sincérité du vote et la fiabilité des résultats publiés par la Ceni». Suivant leur obédience politique, «les militants des réseaux sociaux» y vont de leurs commentaires, de leur hypothèse et de leurs opinions sur le sujet. Entre railleries, stupéfactions et indignations, le sujet a dominé les débats durant tout le week-end.

Selon les résultats lus au siège de la Ceni, à Alarobia, vendredi, la candidate Harilala Ramanantsoa, arrive en tête des résultats provisoires dans la capitale, avec 106.643 voix, soit 43,24% des suffrages exprimés. Le candidat Tojo Ravalomanana est à la 2e place avec 89.374 voix, soit 36,24% des suffrages exprimés.

Des arrestations ?

Les résultats vus sur le site web de la Commission électorale, samedi après-midi, donnent, au contraire, le candidat Ravalomanana vainqueur provisoire avec 42,21% des voix et 106.643 suffrages acquis. Quant à Harilala Ramanantsoa, elle arrive à la 2e position avec 95.374 voix, soit 37,75% des suffrages exprimés. La Ceni martèlent que ces résultats pour Antananarivo, qui pouvaient être lus sur son site web depuis samedi après-midi, jusqu'à sa suspension, «sont faux».

Les sources contactées ne donnent cependant aucune information sur la suite de l'enquête sur «le piratage informatique», dont aurait été victime le site web de la Commission électorale, comme l'affirment ses responsables. Personne ne confirme aussi, s'il s'agit vraiment de piratage et s'il s'agit d'acte malveillant venant de l'extérieur du réseau de la Ceni ou comme s'interrogent certains, pourrait-il avoir sa source au sein même de la Ceni. Quoi qu'il en soit, le sujet mobilise les responsables de la sécurité jusqu'au plus haut niveau.

Hier, les trois responsables de l'État-major mixte opérationnel au niveau national (Emmo-Nat), ont fait une déclaration au siège de la Ceni, à Alarobia. Tandis que la Ceni dénonce «un piratage informatique», le général Jean Herbert Rakotomalala, commandant de la gendarmerie nationale, et leader de l'Emmo-Nat, a pointé du doigt le fait que «des individus publient délibérément de fausses informations sur les résultats des élections risquant de causer des troubles sur les réseaux sociaux».

Soulignant que la publication de fausses informations «est un délit», le général Rakotomalala affirme que le rôle des Forces de défense et de sécurité (FDS) est de «préserver l'ordre public avant, pendant et après les élections», en ajoutant, «les forces de l'ordre prendront impérativement les mesures nécessaires à la préservation de l'ordre public (...)». Hier, sur les réseaux sociaux toujours, les partisans de l'opposition ont pesté contre «l'arrestation de sept individus», pour cause de diffusion de fausses informations sur Facebook.

Jusqu'au bout de la nuit, hier, c'est le silence radio du côté des FDS sur l'existence ou non de ces arrestations. L'arrestation présumée d'un membre du parti «Tiako i Madagasikara» (TIM), déchaîne les passions sur les réseaux sociaux depuis hier. Deux députés TIM, accompagnés d'un avocat, se sont rendus au camp Ratsimandrava, à Andrefan'Ambohijanahary, pour confirmer s'il y a eu ou non cette arrestation.

«Je suis ici en tant que secrétaire général du parti, et en tant que député, accompagné d'un avocat, pour savoir ce qui se passe et ce qu'il en est réellement, pour quelle raison est-il en détention. Nous n'avons pas pu le rencontrer», a déclaré le député Rina Randriamasinoro, dans une interview en face du camp Ratsimandrava. Au-delà de la polémique, l'épisode de samedi a jeté des doutes sur la sûreté des données numériques de la Ceni. Cet événement risque, par ailleurs, de briser le mince espoir d'une trêve politique en cette fin d'année.

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