Issa Kaou N'Djim, figure politico-médiatique malienne, est jugé lundi 23 décembre pour « offense commise publiquement envers un chef d'État étranger » et « injures par le biais de systèmes d'information ». Sur le plateau de Joliba TV, il avait mis en doute la crédibilité d'un supposé coup d'État déjoué au Burkina Faso. La chaîne malienne, après avoir eu sa licence retirée, a finalement été suspendue pour six mois. La profession a décidé pendant le weekend de rester mobilisée pour obtenir son rétablissement en négociant avec la Haute autorité de la communication. Issa Kaou N'Djim est en prison depuis le 13 novembre.
Cela fait un mois et une semaine qu'Issa Kaou N'Djim, figure politico-médiatique malienne, est en prison.
Lors d'une émission de débat sur Joliba TV, Issa Kaou N'Djim avait estimé que les images de ce que la a télévision d'État burkinabè RTB présentait comme un flagrant délit de tentative de coup d'État, avaient l'allure d'un « montage », au sens d'une « mise en scène ». Selon lui, ce « montage » ne serait « même pas professionnel » et viserait à « détourner l'attention de l'opinion des vraies questions ».
Ce qui lui vaut d'être poursuivi pour « offense » et « injures » contre le président de transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré.
Crainte d'un procès politique
« Je n'ai pas entendu d'injures ni d'offense, s'étonne l'avocat d'Issa Kaou N'Djim, Maître Boubacar Soumaré. On entend tous les jours bien pire dans les médias sahéliens ! » L'avocat va donc plaider la relaxe. « C'est la liberté d'expression qui est en cause dans cette affaire », juge encore Me Soumaré, alors que Joliba TV a justement été suspendue au Mali à cause de cette émission.
De nombreux observateurs craignent cependant qu'Issa Kaou N'Djim, voix critique de la Transition et proche de l'imam Dicko aujourd'hui en exil, ne fasse l'objet d'un procès politique.
L'ONG de défense des droits humains Amnesty International qualifie cette procédure d'« abus des autorités maliennes et burkinabè ». L'organisation rappelle que des soutiens des militaires au pouvoir à Bamako ont tenu des propos bien plus offensants et même menaçants envers des chefs d'État ouest-africains, cela sans être inquiétés par la Justice.