La chanteuse malienne Rokia Traoré, en détention en Europe depuis maintenant six mois, était lundi 23 décembre devant le Tribunal correctionnel de Bruxelles. Un conflit l'oppose depuis 2019 au dramaturge belge Jan Goossens à propos de la garde de leur fille, née en 2015. Dans cette affaire, Rokia Traoré a été condamnée - en son absence - en 2023, par le Tribunal de Bruxelles pour « non-représentation d'enfant » au père de la petite fille. C'est cette condamnation qui a entraîné son arrestation en Italie au mois de juin dernier, puis son extradition en Belgique il y a deux semaines.
Vêtue d'une doudoune noire sans manches, un bandeau sombre sur cheveux courts et les traits tirés, c'est d'une voix faible que Rokia Traoré s'adresse au Tribunal correctionnel. Le président doit même lui demander de hausser le ton.
« Je n'ai aucun problème à ce qu'il y ait un procès, que l'on règle cela une bonne fois pour toutes », dit-elle, les mains menottées dans le dos. Son avocat demande un nouveau procès, où l'artiste sera bien présente cette fois, contrairement à celui qui l'avait fait condamner en 2023 pour non-présentation d'enfant.
Un nouveau procès le 8 janvier 2025
Mais ce qui vient compliquer l'affaire, c'est que la musicienne vient tout juste de changer d'avocat. « Je ne suis pas en mesure aujourd'hui de défendre sur le fond du dossier, qui est complexe, plaide Dimitri de Béco. Il faut que j'examine les choses, je demande une remise », c'est-à-dire un report de l'examen de cette demande à un nouveau procès.
La requête a été acceptée par le Tribunal, qui a fixé cette nouvelle audience au 8 janvier prochain. Il refuse en revanche la deuxième demande, de libérer Rokia Traoré d'ici au futur procès. « On peut craindre un risque de soustraction à la justice belge », note le procureur. « C'est la cage qui s'ouvre et l'oiseau qui s'envole », argumente l'avocat de Jan Goosens, son ancien compagnon, qui rappelle que son client n'a pas pu voir sa fille depuis plus de cinq ans, et qu'à chaque fois qu'elle l'a pu, « Rokia Traoré a fui rentrant notamment au Mali après avoir été arrêtée en France en 2020. »
« Je voudrais que ma fille puisse voir son père moi aussi », lâche la chanteuse, sans vraiment convaincre le tribunal, qui commencera à juger sur le fond en début d'année prochaine.