Cote d'Ivoire: Littérature ivoirienne - La contribution de la nouvelle génération d'écrivaines saluée

Dakar — Les femmes de lettres, de plus en plus nombreuses à s'imposer en Côte d'Ivoire, ont contribué à rehausser la qualité de la littérature ivoirienne ces dernières années, soutiennent des écrivaines ivoiriennes dont Assita Sidibé.

« En Côte d'Ivoire, du temps de Simone Kaya [l'une des pionnières du roman féminin ivoirien] et autres, il y avait très peu d'écrivaines [...] Aujourd'hui, il y en a du plus jeune au plus âgé. On a une écrivaine à succès qui a 16 ans, jusqu'à Fatou Keita, Tanila Boni... Elles ont rehaussé la qualité de la littérature ivoirienne », a déclaré l'autrice du recueil de nouvelles « Trois mensonges de la nuit », publié en 2019.

Assita Sidibé a participé, du 20 au 22 décembre, à la troisième édition du Salon du livre féminin à Dakar, une manifestation dont la Côte d'Ivoire était le pays invité d'honneur.

En plus de la présence remarquée des femmes dans ce secteur - le pays compte plus de cinq cents autrices, dit-elle, l'univers de la littérature se caractérise, en Côte d'Ivoire, par « une évolution dans les thématiques », la nouvelle génération faisant preuve de »plus d'audace » dans l'écriture, selon Assita Sidibé.

« Les jeunes femmes écrivaines de notre génération ont beaucoup plus d'audace. Peut-être qu'avant, les pionnières étaient un peu empêchées. Je me dis qu'elles avaient peut-être les ailes un peu coupées », a ajouté Mme Sidibé, selon qui les nouvelles écrivaines ivoiriennes « parlent de tout ».

A titre personnel, Assita Sidibé assure qu'aucun sujet n'est tabou à ses yeux, en témoigne son ouvrage « Trois mensonges de la nuit », dans lequel elle traite de l'homosexualité.

« C'est un sujet encore tabou en Côte d'Ivoire, bien que la Côte d'Ivoire soit un pays émancipé. [...] Je m'énerve de tout ce que je vois dans la société et je parle de tout », dit-elle.

De même, son livre intitulé « L'épopée d'une autre idée » met en exergue le problème de l'infertilité dans les couples, un phénomène pour lequel les femmes sont le plus souvent indexées, selon Assita Sidibé.

Sa compatriote Emmanuelle Djé Lou, en revanche, s'adresse essentiellement à la jeunesse dans ses écrits, à l'image, dit-elle, de la plupart des jeunes écrivaines ivoiriennes.

« J'aborde des thèmes comme les processus en milieu scolaire, les mauvaises compagnies, l'utilisation des réseaux sociaux. Ce sont des thèmes qui plaisent beaucoup aux jeunes et qui leur permettent d'apprendre de mes expériences », explique Mme Djé Lou.

Son roman, « Merveille la vertueuse » (éditions Lire pour se construire »), a été inscrit au programme de 4e au secondaire, ce qui lui permet d'avoir une grande audience dans les collèges et lycées de Côte d'Ivoire.

Naïna Coulibaly, autre écrivaine ivoirienne ayant participé au Salon du livre féminin à Dakar, s'inspire principalement du réel dans ses ouvrages.

« Dans ma première oeuvre, +Naïma+, j'ai voulu aborder le thème du mariage forcé, qui est toujours d'actualité, même si aujourd'hui, on a l'impression que cela peut durer plus. Je dirais que les femmes ivoiriennes, les écrivaines ivoiriennes, n'ont plus de tabou. Elles écrivent sur tout. Parce que quand je regarde aujourd'hui la littérature ivoirienne, je vois qu'elle parle de politique », explique Mme Coulibaly, par ailleurs secrétaire de direction.

Le troisième Salon du livre au féminin de Dakar, dont le thème portait sur « Littérature, exil et quête identitaire », se positionne comme un lieu de rencontre entre écrivaines du Sénégal et d'autres pays.

Selon sa promotrice, l'écrivaine et scénariste Amina Seck, l'édition 2024 nourrissait l'ambition de susciter une réflexion autour des questions migratoires, qui prennent de l'ampleur du fait d'un nombre toujours grandissant de femmes et d'enfants qui prennent les embarcations de fortune pour l'Europe.

Le Salon du livre féminin dont la marraine est la professeur Fatou Sow a décerné deux distinctions, dont le « prix Ken Bugul du livre », remis à la Tchadienne Fatimé Raymone Habré pour son roman « Symbil et le décret royal », Aminata Ly Ndiaye recevant le prix des lycéens du premier livre féminin pour « Solitudes ».

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