Face à la pénurie de travailleurs, les compagnies mauriciennes se tournent de plus en plus vers la maind'oeuvre étrangère. Pourvoir des postes vacants et réduire l'inflation : telles sont les ambitions affichées par les entreprises. Cependant, toutes ne respectent pas les conditions d'emploi de ces travailleurs. Un cas particulier, dénoncé par le syndicaliste Fayzal Ally Beegun illustre bien cette situation et appelle à une intervention du ministère du Travail.
Depuis quatre mois, plus d'une soixantaine de travailleurs bangladais et népalais n'ont toujours pas perçu leur salaire. Ces employés travaillent pour une compagnie basée à BeauBassin, spécialisée dans la confection de vêtements. «C'est inacceptable !», déclare le président de la Textile Manufacturing and Allied Workers Union.* «Depuis le mois d'août, ces travailleurs s'épuisent sans toucher le moindre sou.»*
Confrontés à cette injustice, les employés se sont tournés vers le syndicaliste pour obtenir de l'aide. «Il m'a été rapporté que ce retard de paiement serait dû à un problème administratif.» En effet, la personne en charge des paiements est décédée en Inde des suites d'une maladie et l'entreprise n'a pas prévu de remplaçant pour gérer ces formalités. «La compagnie doit prêter serment par affidavit, obtenir l'acte de décès depuis l'Inde, puis revoir les modalités avec la banque. C'est ce qui ressort des discussions avec la Special Migrant Unit», explique le syndicaliste.
Malgré les promesses des responsables de régler les salaires d'ici le 15 décembre, ces engagements n'ont pas été tenus. Les travailleurs ont alors demandé à la Special Migrant Unit de saisir la cour industrielle. «Avec l'approche des congés de fin d'année, on ignore quand la cour pourra examiner cette affaire. Cependant, je m'assure que ces employés obtiennent leur salaire. Certains voient même leur permis de travail expirer bientôt, ce qui les rendrait illégaux au-delà de cette échéance», prévient Fayzal Ally Beegun. Il souligne que cette situation n'est pas une première pour cette entreprise qui a déjà accusé des retards de paiement envers ses employés, qu'ils soient Mauriciens ou étrangers.
Dans la crainte d'être déportés, les travailleurs étrangers, malgré le fait d'être une soixantaine, continuent à travailler. «Ils ne veulent ni faire de sit-in ni entamer une grève car ils redoutent de perdre leur emploi. On ne peut pas exploiter leur silence !», s'indigne le syndicaliste. Il affirme avoir proposé aux travailleurs de se rendre devant la Victoria House pour que le ministre Reza Uteem prenne connaissance de leur situation. Cependant, ces derniers ont refusé, craignant des représailles. Pendant ce temps, leurs familles, dépendantes de ces revenus, souffrent également. «Bien que ces employés reçoivent régulièrement leurs repas, leur stress est palpable et ces conditions de vie sont inacceptables.»
Fayzal Ally Beegun appelle à une action immédiate du ministère du Travail pour amender la loi et mieux protéger les droits des travailleurs, aussi bien les Mauriciens que les étrangers. Il espère qu'une solution rapide sera trouvée, d'autant plus que cette période de fêtes devrait être synonyme de joie et de célébration pour tous. Nos maintes sollicitations auprès de la compagnie en question sont restées vaines.