Dakar — Le festival des cultures noires et des diasporas africaines, dont la deuxième édition a démarré, vendredi, à Dakar, est une commémoration des relations d'amitié entretenues de leur vivant par Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, a rappelé, jeudi, à Dakar, le secrétaire d'État à la Culture, aux Industries culturelles et créatives et au Patrimoine historique, Bakary Sarr.
La manifestation est organisée par l'Association pour le développement de Djilor Djidiack, sur le thème « Senghor et Césaire : un pont sur l'atlantique, une liane entre l'Afrique et les caraïbes ».
S'adressant aux organisateurs de ce festival prévu pour quatre jours, M. Sarr a estimé que le fait de »commémorer cette amitié entre les deux poètes est une manière de maintenir le lien entre la diaspora et le continent africain, au-delà des deux hommes ».
La première rencontre entre le poète Léopold Senghor (1906-2001), premier président du Sénégal indépendant, et son homologue martiniquais Aimé Césaire (1913-2008), a jeté les fondements d'un pont transatlantique conciliant l'Afrique et sa diaspora antillaise, a rappelé M. Sarr.
« Basse pointe et Djilor-Djidiack venaient se rencontrer, par-delà deux communautés se retrouvèrent. Un pont sur l'atlantique venait d'être construit reliant l'Afrique et sa diaspora antillaise », a-t-il déclaré en présidant l'ouverture de la manifestation.
La première discussion entre les deux hommes fut brève, mais, dit-il, « l'essentiel était fait, une amitié était nouée. Indélébile, elle a résisté à l'éloignement, à l'absence et même à la mort ».
« C'est donc ce pont que vous êtes venus entretenir, c'est cette fraternité-là que vous voulez proclamer jusque dans les cages du royaume d'enfance », a-t-il insisté, en allusion au fait que le programme du festival va se poursuivre à Djilor Djidiack, terroir d'origine de Léopold Sédar Senghor, dans la région de Fatick.
Selon le secrétaire d'État Bakary Sarr, les nombreuses visites des officiels sénégalais soulignent et prouvent « la fidélité et l'amitié que la République du Sénégal porte à l'endroit de Césaire, de la Martinique et de toute la diaspora afro-caribéenne ».
Si l'on devait prouver la complicité entre les deux poètes, il suffit de questionner la création du mot Négritude, car « Senghor et Césaire ont délibérément entretenu le flou sur la paternité ce mot », chacun l'attribuant à l'autre, a-t-il relevé.
Adams Kouyaté, venu représenter la Martinique, qualifie l'amitié ayant lié Senghor à Césaire de « fondamentale, d'initiatrice ».
« Césaire portait en lui cette amitié-là, il la vivait », a-t-il dit, révélant que le poète martiniquais avait été « très affecté » en apprenant la disparition de Léopold Sédar Senghor le 20 décembre 2001.
En lien avec ce festival, la commémoration du 23e anniversaire de la disparition du premier président du Sénégal 1960-1981 s'est déroulée dans une ambiance festive, avec l'apport des femmes de Joal, royaume d'enfance de Senghor. Ces dernières, qui ont fait le déplacement de Dakar, ont assuré une belle animation sous les applaudissements du public.
Des personnes ayant fréquenté Léopold Sédar Senghor ont également témoigné sur la personne et l'oeuvre du premier président sénégalais.
Le général Mamadou Mansour Seck, ancien chef d'état-major des armées sénégalaises et ex-ambassadeur du Sénégal aux États-Unis, a présenté Senghor comme « quelqu'un de très discipliné, ponctuel et ouvert d'esprit ».
« C'est quelqu'un qui a toujours milité pour le peuple noir et afro-descendant », ajoute-t-il, revenant sur ses prises de position, notamment en ce qui concerne « le massacre de Thiaroye et le mouvement de la Négritude ».
Jean Gérard Bosio, ancien conseiller culturel du président poète Senghor, a saisi cette occasion pour remettre au secrétaire d'État Bakary Sarr le dernier manuscrit de Senghor.
Il est largement revenu sur la dimension intellectuelle du président Senghor notamment son combat en faveur de la civilisation africaine.
Adrienne Diop, s'exprimant au nom de la famille, s'est félicité de la tenue de cet événement et a tenu à féliciter les organisateurs.
« Je suis très heureuse que cette fois-ci, on ne s'est pas limité à la traditionnelle présence au cimetière de Bel air, mais qu'il y ait quatre jours pour revisiter le royaume d'enfance de Senghor », a-t-elle dit.
Après une première journée qui a démarré par le dépôt d'une gerbe de fleurs au cimetière catholique de Bel air, à Dakar, le programme du festival va se poursuivre jusqu'à mardi à Djilor Djidiack, dans la région de Fatick.