La communauté chrétienne, à travers le monde entier, célèbre, dans quelques heures, la fête de la Nativité. Au Burkina Faso, les fêtes de Noël, au fil des années, se suivent et se ressemblent. Et cette année ne fait pas exception à la règle. En effet, la célébration de la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, intervient dans un contexte de crises sécuritaire et humanitaire que connaît le pays depuis près d'une décennie.
A cela s'ajoute le renchérissement du coût de la vie alors que la plupart des Burkinabè tirent le diable par la queue. C'est dire si le temps des grandes réjouissances où la fête de la Nativité donnait lieu à des bombances, est bien révolu. Même les prêts fêtes qu'octroyaient les banques sans aucun taux d'intérêt, se font rares. Et la ferveur qui, jadis, marquait l'avant-Noël, se remarque aujourd'hui à peine et cela, au grand dam des commerçants. Autant dire que l'on s'achemine irrémédiablement vers un Noël morose au Burkina Faso où, visiblement, les gens n'ont véritablement pas la tête à la fête.
Et franchement, comment peut-il en être autrement si, en dehors des grandes villes du pays, notamment Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, les populations, dans bien des localités, vivent un véritable calvaire? Comment peut-on avoir la tête à la fête quand on pense à toutes ces personnes qui vont passer ces moments de joie et de retrouvailles loin de leurs maisons respectives, parce que chassées par des terroristes qui sèment terreur et désolation? Au regard donc de la situation nationale actuelle, l'heure n'est vraiment pas à la fête mais plutôt à la prière. Du reste, à l'occasion de Noël, il faut implorer le Bon Dieu afin qu'Il attendrisse les coeurs et amène les différents acteurs à oeuvrer pour le retour de la paix dont le pays a tant besoin.
Il faut que les uns et les autres sachent raison garder
Au regard de la situation, on est même tenté de dire, sans risque de se tromper, que la modération s'impose aux Burkinabè. D'une part, elle s'impose d'elle-même et se veut une mesure de prudence. Parce que beaucoup de nos compatriotes, même s'ils le veulent, n'ont pas les moyens de faire des folies. Ils sont donc obligés de jouer balle à terre pour qu'après la fête, ce ne soit pas la défaite. C'est peut-être un mal pour un bien. Parce qu'à l'origine, Noël se fête en famille. Mais cette fête a parfois été galvaudée ; en témoignent les comportements de certains qui s'adonnaient à un luxe insultant.
Cela dit, on espère que cette situation de crise va ramener les uns et les autres à la raison, à respecter l'esprit de la fête qui se limite au strict cadre familial. D'autre part, la modération qui s'impose aux Burkinabè, se veut un devoir de mémoire envers toutes les victimes de la crise sécuritaire. C'est aussi un devoir de solidarité avec tous les compatriotes qui vivent des moments difficiles, à cause notamment de cette crise qui, malheureusement, a endeuillé de nombreuses familles et en a disloqué certaines. A cet effet, il est heureux de constater que la solidarité légendaire qui colle à l'Afrique et qui est enviée par d'autres peuples marqués par l'individualisme, ne s'est pas estompée.
En effet, les Burkinabè continuent de soutenir, comme ils l'ont toujours fait, à travers des dons en nature et en espèces, les personnes vulnérables dans l'optique de leur permettre de passer de bons moments. C'est salutaire, et c'est cela aussi Noël : partager le peu qu'on a avec les autres. Cela dit, malgré les nombreux appels à la prudence et à la vigilance répétés, chaque année, à l'occasion des fêtes de fin d'année, il y a des gens qui n'entendent toujours pas raison. Si fait qu'on assiste à des cas d'accidents mortels de la circulation qui plongent des familles dans la détresse et la désolation. Il faut donc que les uns et les autres sachent raison garder, car la vie ne s'arrête pas à la fête.